Les analystes de la scène politique française ne donnaient pas cher de sa peau, lorsque François Hollande a rendu publique son intention de se présenter à l'élection présidentielle, notamment lorsque l'ancien patron du Fonds monétaire international, Dominique Strauss-Kahn, en était l'archifavori avant de sombrer dans ses tracasseries judiciaires. En effet, il a été raillé par tous : trop rond, trop apparatchik, trop provincial, quand il s'est lancé dans la course à la présidence. Mais, contre toute attente, il en est devenu le favori contre Nicolas Sarkozy. Chef du Parti socialiste pendant 11 ans, député de Corrèze, département rural, François Hollande semblait très loin du charisme qu'exige en France l'élection présidentielle. Jusqu'au 14 mai 2011, rien ne le prédisposait à se trouver au second tour de la présidentielle, car Dominique Strauss-Kahn était le favori des socialistes, selon les instituts de sondages et de la presse. Les déboires judiciaires de DSK et l'explosion en vol de sa carrière politique ont ouvert la voie à François Hollande, et les premiers sondages lui donnaient raison, en le plaçant en tête des candidats de gauche préférés des Français. Mieux, il est en position de battre Nicolas Sarkozy. François Hollande est né le 12 août 1954 à Rouen en Seine-Maritime. Il est le fils d'une assistante sociale, Nicole Tribert, une femme de gauche, et d'un médecin ORL, Georges Hollande, d'extrême droite. Licencié en droit et diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris, François Hollande préside la section de Sciences Po de l'Union nationale des étudiants de France. En 1974, il entre à l'école des hautes études commerciales où il préside le comité de soutien à François Mitterrand. En 1980, il sort de l'Ecole nationale d'administration au 11e rang et devient auditeur à la Cour des comptes. Il était entré un an auparavant au Parti socialiste. Grâce à Jacques Attali, il devient conseiller de François Mitterrand pour les questions économiques. À la victoire de François Mitterrand, en 1981, il devient chargé de mission pour l'Elysée alors qu'il vient d'être battu par Jacques Chirac aux élections législatives. En 1983, il entame sa mission de directeur de cabinet de deux porte-parole successifs du gouvernement de Pierre Mauroy : Max Gallo et Roland Dumas. La même année, il échoue aux élections municipales et devient conseiller municipal d'Ussel (Corrèze), la circonscription de Jacques Chirac. À 26 ans, il tente le pari de se présenter aux législatives sur les terres du futur président Jacques Chirac, qu'il interpelle en réunion publique. “Qui êtes-vous, Monsieur ?” lui lance Jacques Chirac. “Je suis celui que vous comparez au labrador de Mitterrand”, lui répond le jeune socialiste. Social-démocrate assumé, Européen convaincu, François Hollande s'intéresse surtout aux questions fiscales. Son ex-compagne, Ségolène Royal, fait son chemin, jusqu'à entrer dans le gouvernement de Mitterrand. Hollande reste dans l'ombre, grandit dans l'appareil du PS, rêve d'un ministère qu'il n'aura jamais. Les échecs de Lionel Jospin en 1995 et en 2002, celui de Ségolène Royal en 2007, l'amènent à se décider : c'est à lui de se présenter. Coaché par sa nouvelle compagne, la journaliste politique, Valérie Trierwieler, il a perdu plus de dix kilos et a arrêté les blagues intempestives, lui qui était connu pour son humour ravageur. Il se fait tailler des costumes sur mesure, change de lunettes. Il sillonne le pays, travaille à changer son image. Il surprendra même lors de son face-à-face télévisé avec Nicolas Sarkozy en se montrant plus offensif qu'attendu. M. T./Agences