C'est pour ne pas laisser le plaisir à Béjaoui de l'éliminer, que ce candidat à principes a annoncé hier son retrait. C'est désormais chose officielle. Rachid Benyellès est le premier candidat à la candidature qui se retire de la course bien avant la date limite de collecte des signatures. Il en accuse vertement le ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni. Dans sa déclaration liminaire, en effet, il souligne que «rien n'aura été épargné aux citoyens ayant opté pour un candidat autre que Bouteflika. Ni les va- et-vient et attentes indéterminées, ni les intimidations, pressions ou autres menaces de représailles». Mais en dépit de cela, ce candidat quelque peu malheureux, annonce fièrement avoir collecté pas moins de 118.277 formulaires signés dont seulement 35.231 ont pu être légalisés. Tout en exprimant sa plus sincère gratitude à toutes les citoyennes et tous les citoyens qui lui ont apporté leur soutien dans 40 wilayas, sans esprit régionaliste aucun, Benyellès a indiqué «vouloir se retirer dans le but de ne pas laisser le plaisir de (l'exclure) au président du Conseil constitutionnel». Les questions fusent de toutes parts pour connaître la suite qui sera donnée à une décision aussi saisissante venant de la part de quelqu'un qui affirmait vouloir aller jusqu'au bout quelles qu'en soient les conséquences. Nous apprenons, ainsi, que «Benyellès pense que l'Institution militaire, plus soudée que jamais, est restée absolument neutre vis-à-vis de ce scrutin présidentiel». «L'armée ne soutient pas Bouteflika», a-t-il martelé avec une conviction dont seul peut se targuer cet ancien général au parcours bien rempli. C'est, du reste, cet état de fait qui a créé les déséquilibres relevés dans le passé par le groupe des dix: «Totalement inféodée, l'administration a été investie de la mission d'éliminer les concurrents indésirables.» Normal que Benyellès en soit une des toutes premières victimes: «Les procédés les plus vils, les plus mesquins et les plus pervers ont été utilisés pour éliminer les candidats connus pour leur hostilité à M.Bouteflika et parmi lesquels (il revendique) l'honneur de figurer en bonne place». Interrogé sur sa position future vis-à-vis du groupe des dix, il indique «sa cohésion est requise plus que jamais», ajoutant rester membre à part entière de ce groupe. A ce sujet, il indique que «les petits couacs du début ont fini par être dépassés». Benyellès, ce disant, admet «l'existence de divergences sur la démarche à suivre même si des dénominateurs communs puissants continuent de cimenter le groupe». Ainsi, aurait-il voulu que tous les candidats de se groupe se retirassent en même temps, ce qui n'a pas été le cas. Benyellès, qui peut se targuer d'avoir au moins 120.000 électeurs potentiels, ne donnera quand même pas de consignes de vote afin de ne léser aucun des candidats du groupe des dix. Un soutien automatique serait apporté par lui à tout candidat du groupe s'il venait à accéder au second tour. Cela va tellement de soi que Benyellès affirme rester un acteur actif dans la scène politique avec pour principal objectif «le départ de Bouteflika». Il explique, du reste, cet acharnement que beaucoup d'observateurs ne s'expliquent pas tout à fait: «Peut-on concevoir une médication sans s'attaquer d'abord au mal qui ronge le corps malade?» Bouteflika est en l'occurrence «ce mal qui ronge le corps malade de l'Algérie». Interpellé sur la fameuse alliance établie entre deux partis et le groupe de redresseurs autour de la candidature de Bouteflika, Benyellès, qui a refusé de commenter cet acte, estimant que chacun était libre d'agir comme il l'entendait dans une démocratie qui se respecte, ne s'est pas moins permis de critiquer avec une rare virulence «la traîtrise des dirigeants du MSP qui ont ce gène dans le sang». Le livre à polémiques de Benchicou, enfin, a fait l'objet d'une question grâce à laquelle Benyellès a mis en avant, tout le plaisir qu'il prenait à lire la si belle plume du directeur du Matin. Cela, avant de soutenir que «tout ce qui est contenu dans le livre est absolument vrai et se trouve même en deçà de la vérité». Louant la rectitude morale de Benchicou, il conclut que «tout ce que je lui ai dit a été transcrit avec une fidélité sans faille».