Les candidats, en quête des 75.000 signatures, auront fort à faire en un laps de temps relativement court. Le ministère de l'Intérieur ouvre à partir d'aujourd'hui une permanence pour délivrer aux candidats potentiels les formulaires légaux pour la collecte des fameuses 75.000 signatures, réparties sur au moins 25 wilayas avec un minimum de 1500 paraphes pour chacune de ces wilayas. La démarche, précise le communiqué rendu public hier, entre dans le cadre de l'application des termes prévus par la loi organique portant régime électoral. Il est ajouté, conformément à l'ordonnance 97-07, que «le retrait doit se faire par le candidat, ou son représentant dûment habilité, sur présentation d'une lettre adressée au ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, par laquelle le candidat annonce son intention de constituer un dossier de candidature à l'élection à la présidence de la République». Déjà, il est permis de dire que Rachid Benyellès, Ali Fawzi Rebaïne et Moussa Touati iront retirer ces fameux formulaires. Rien n'est moins sûr, en revanche, concernant Ali Benflis, lui aussi candidat officiel. La raison en est toute simple. La loi évoquée par le communiqué de Zerhouni permet à tout candidat de se passer aisément des 75.000 signatures pour peu qu'elles soient remplacées par des lettres de soutien d'au moins 350 élus locaux. A moins que Benflis, qui fait l'objet de graves attaques de la part des pouvoirs publics, ne veuille prendre toutes ses précautions et ne décide de collecter les sortes de signatures afin d'être prêt à toute éventualité, puisque la rumeur va jusqu'à dire que «le président du Conseil constitutionnel, Mohamed Béjaoui, réputé très proche de Bouteflika, étudierait la possibilité d'invalider d'avance la candidature du secrétaire général du FLN afin de prévenir toute mauvaise surprise, plus précisément, un humiliant second tour entre Bouteflika et Benflis et dans lequel la classe politique tout entière prendrait position en faveur de ce dernier comme cela avait été le cas en France lors de l'historique ballottage entre Chirac et Le Pen». Nous croyons savoir en outre, que même si Taleb, le président de Wafa, n'a pas encore décidé s'il participerait ou non au prochain scrutin, le secrétaire général de son parti ira quand même retirer les fameux formulaires afin de commencer la collecte le plus tôt possible et d'éviter ainsi toute mauvaise surprise. Cela avait été le cas, en 1999 pour Bélaïd Abdesselam, dont la candidature tardive ne lui avait pas permis d'obtenir les 75 000 signatures. Cette fois-ci, cet ancien chef de gouvernement, qui ne compte pas se présenter, a même l'intention de soutenir le président Bouteflika pour un second mandat, comme il l'avait annoncé dans une contribution exclusive réservée à notre journal, il y a de cela un peu plus d'un mois. Des partis comme le PT ou le RCD, qui n'ont pas non plus définitivement tranché, peuvent eux aussi prendre leurs précautions et retirer les formulaires. Louisa Hanoune avait, elle aussi, été victime du rejet de sa candidature en 1999 sous prétexte qu'il y aurait eu des «vices de forme» dans les 75.000 signatures remises au conseil constitutionnel. En tout état de cause, le communiqué du ministre de l'Intérieur vient confirmer officiellement que la présidentielle aura lieu dans les délais prévus par la loi, c'est-à-dire au plus tard au mois d'avril prochain, et que la convocation du corps électoral par le président Bouteflika ne saurait excéder février prochain. Les appels au départ précipité de Bouteflika, et ceux à une intervention de l'armée, ne semblent plus d'actualité désormais, à moins d'un nouveau coup de théâtre, comme la politique algérienne nous en réserve assez souvent.