«Dans le livre vous dites que Bouteflika est un faux maquisard et qu'il n'a pas tiré un seul coup de feu. Pourtant il a été contrôleur des armées à l'Ouest. Il s'infiltrait tout seul dans les territoires occupés, à l'époque, par l'armée française. Tout le monde sait qu'il était commandant de l'ALN. On ne comprend pas cet acharnement à dévaloriser l'image de maquisard de Bouteflika, pour la simple raison que ce dernier n'a pas tiré un seul coup de feu. Pourtant tous ceux qui ont fait la Révolution n'ont pas été des maquisards chevronnés, à commencer par les dirigeants politiques, Ben Bella, Aït Ahmed, Ferhat Abbés, Benkhedda...Il y a le politique, le penseur, le responsable de la logistique et l'infirmière qui soigne etc. On n'a pas besoin d'avoir une arme pour être moudjahid. C'est d'abord un engagement sur la base de convictions. Un commandant est stationné dans ses casernements, entouré d'une cinquantaine d'hommes armés et qui plus est, il ne se déplace pas souvent. Ce qui n'est pas le cas d'un contrôleur des armées qui part à l'aventure avec sa gibecière. Il ne sait pas ce qu'il va trouver sur son chemin. Il se déplace seul, sans gardes du corps, pour rencontrer les chefs de zone pour leur donner les orientations du commandement de l'ALN. Il court le risque permanent de tomber entre les mains de l'ennemi. Comment expliquez-vous le fait d'avoir dévalorisé sciemment cette image de maquisard?» «Le seul chapitre du livre où j'ai défendu Bouteflika concerne justement cette période de sa vie. Je n'ai jamais dit qu'il a usurpé sa qualité de moudjahid. Je dis clairement que je m'oppose à ceux qui disent que Bouteflika n'a pas fait le maquis». C'est en ces termes que Mohamed Benchicou s'est défendu des accusations d' «acharnement» portées contre lui par de nombreux moudjahidine qui voient dans le chapitre consacré à la période révolutionnaire de Bouteflika, une volonté de réduire l'apport du chef de l'Etat au sein de l'ALN. L'auteur de Bouteflika, une imposture algérienne relève que certains interviewés ont été «excessifs» dans leurs critiques envers le président de la République quant à son passé de maquisard. «Mon objectif n'était pas de faire un portrait à charge contre Bouteflika», a tenu à souligner l'invité de L'Expression. «Je dis dans mon livre que le jeune Bouteflika a eu le courage de monter au maquis, alors que d'autres n'ont pas eu le même courage». Et d'ajouter que le président a effectivement fait le maquis «l'année où il a exercé la fonction de contrôleur» au sein de l'ALN. A ce propos, Benchicou reconnaît que le fait d'avoir soumis sa personne à un danger de mort est en soi un acte «révolutionnaire». Bouteflika a donc bel et bien participé à la Révolution de Novembre. Cependant, le directeur du Matin dénie au chef de l'Etat le statut de personnage-clé dans la Guerre de libération nationale. «Le commandant Si Abdelakder El Mali n'existe pas.» Et pour preuve, «le front du Mali est une autre imposture», insiste Benchicou qui soutient mordicus que le moudjahid Si Abdelkader «n'est resté à Gao, au nord du Mali, que 15 jours. Le reste de sa période malienne, il l'a passée à Tanger». L'auteur du pamphlet anti-Bouteflika va même jusqu'à avancer que cette affectation est une sorte de mise au placard «après que Bouteflika eut mis trop de temps à rejoindre son Ghardimao» à l'état-major est de l'ALN. En fait, Benchicou s'élève contre les qualificatifs de «grand moudjahid» dont l'affabule son entourage et estime que le président de la République a été un acteur de seconde zone dans cet épisode de l'histoire de l'Algérie.