«Un boomerang, c'est un bâton qui a le mal du pays.» Jean-Loup Chiflet Le retour de manivelle fait de sacrés dégâts à la main inexpérimentée qui a lancé la machine de guerre. Et quand la machine infernale est lancée, il est difficile de l'arrêter ou de prédire où elle s'arrêtera... L'Histoire ne manque pas d'exemples où des décideurs, des apprentis sorciers jouent aux démiurges et fabriquent dans leurs laboratoires, grâce à leurs cerveaux rendus malades par les calculs compliqués qui leur assureraient un pouvoir durable, des forces maléfiques. Une fois ces forces maléfiques libérées, elles se nourrissent de la haine du pouvoir qui les a engendrées, enflent, gonflent et prennent des proportions alarmantes qui vont terrifier une pauvre population, victime elle-même d'un pouvoir protéiforme et inquiéter même ses créateurs qui vont réaliser, un peu trop tard qu'ils ont libéré le mauvais génie de la bouteille où les forces du Bien l'avaient enfermé. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, devant les forces montantes des forces progressistes, les bourgeoisies européennes prises d'une frilosité soudaine ont alimenté, encouragé et soutenu par tous les moyens dont elles disposaient (argent et propagande) les partis fascistes qui ont vite essaimé la peste brune sur toute l'Europe (Allemagne, Italie, Espagne, Portugal...) On sait ce qu'il advint. L'humanité entière paya un lourd tribut afin que la bête immonde soit terrassée. Avec la Guerre des Six-Jours, Israël sûr de lui-même finança la création de l'association religieuse Hamas afin de limiter l'audience des partis politiques progressistes (Fplp - Fdlp) ou une organisation patriotique comme le Fatah. L'Arabie Saoudite, à travers ses associations caritatives, participa et encouragea l'existence de ce mouvement qui avait commencé par harceler et combattre les organisations de gauche. Hamas, une fois la guerre froide terminée, fut pris en charge par l'Iran et la Syrie, et retourna son fusil contre ses parrains. En Algérie, après la mort de Boumediene qui avait réussi à marginaliser tous les tenants de la pensée rétrograde, les décideurs (qui avaient accumulé un petit capital) avaient encouragé et alimenté les militants en qamis blanc pendant que syndicalistes, berbéristes et autres démocrates étaient harcelés, battus et emprisonnés. On ne peut que demeurer sceptique devant ceux qui affirment que «l'ex-FIS a été agréé pour mieux être maîtrisé». Où étaient ces braves gens, quand le pouvoir recrutait à coups de devises sonnantes et trébuchantes des imams venus du Golfe pour semer la fitna au sein d'une population qui n'a connu depuis des siècles qu'un Islam pacifique... Savaient-ils que les sergents recruteurs avaient attiré de pauvres jeunes que d'autres forces occultes vont manipuler à loisir, en les orientant vers divers fronts en Afghanistan contre les soviétiques ou en Algérie contre les forces démocratiques? Les «combattants de la foi «chauffés à blanc par les fabricants de la foi, transitaient en général par le territoire de la perfide Albion, terrain de prédilection des banques des émirs du Golfe, avant de s'envoler vers l'Afghanistan et s'entraîner dans des camps pris en charge par les chasseurs d'outardes et supervisés par les Américains. La Grande-Bretagne demeura longtemps l'arrière base de ces groupes criminels qui vont aller semer la mort dans les pays musulmans. Des prêcheurs patentés vont occuper l'espace public mis à leur disposition par la démocratie régnant au pays de Sa très Gracieuse Majesté devenu le sanctuaire de tous les terroristes islamistes. Et il faudra attendre plus de dix ans après le fameux 11 septembre pour que la justice britannique songe enfin à extrader les boutefeux comme Abou Hamza et Abou Qotada. Ce peu d'empressement tranche avec la rapidité déployée envers le créateur de WikiLeaks... Les récents événements qui ont entraîné la mort de deux soldats britanniques et l'incendie de deux mosquées à Londres, montrent que l'on récolte toujours ce que l'on a semé. Le gouvernement turc devrait en prendre de la graine: quand le drame créé en Syrie verra son épilogue, le feu risque de prendre ailleurs...