Agé de 64 ans, Hassan Rohani, connu pour la très grande modération de son discours, est un proche de l'ex-président Akbar Hachémi Rafsandjani, qui a appelé - tout comme Mohamed Khatami - à voter pour lui. Le nouveau président iranien Hassan Rohani est un religieux modéré, partisan d'une plus grande souplesse vis-à-vis de l'Occident pour mettre fin aux sanctions ayant plongé son pays dans une grave crise économique. Alors qu'il n'avait au départ que peu de chances d'être en tête de la présidentielle, il a été élu samedi avec 50,68% des voix dès le premier tour, bénéficiant de la division du camp conservateur et du retrait du seul autre candidat réformateur, Mohammed Reza Aref. En quelques jours, cette «union sacrée» a mobilisé une grande partie de l'électorat modéré qui voulait boycotter le scrutin après la répression des manifestations ayant suivi la présidentielle de 2009. M.Rohani a été vice-président du Parlement et chef des négociateurs nucléaires entre 2003 et 2005. C'est à cette période qu'il a gagné son surnom de «cheikh diplomate». En 2003, lors de négociations avec Paris, Londres et Berlin, il avait accepté la suspension de l'enrichissement d'uranium par l'Iran et l'application du protocole additionnel au Traité de non-prolifération (TNP), permettant des inspections inopinées des installations nucléaires iraniennes. Cette décision lui avait fait gagner le respect des Occidentaux, mais les conservateurs l'ont accusé d'avoir été «sous le charme de la cravate et de l'eau de toilette de Jack Straw», alors ministre britannique des Affaires étrangères. Durant la campagne électorale, M.Rohani a répété qu'il était partisan d'une plus grande souplesse pour mettre fin aux sanctions occidentales liées au programme nucléaire controversé de l'Iran. Samedi soir, dans un message lu à la télévision d'Etat, il a insisté pour que l'Occident «reconnaisse les droits» de l'Iran en matière nucléaire, tout en soulignant «la victoire de la modération sur l'extrémisme». Détracteur de son prédécesseur Mahmoud Ahmadinejad, à qui il a reproché de s'attirer inutilement l'hostilité de l'Occident, ce sexagénaire a choisi pour symbole une clé, qui ouvre selon lui la porte des solutions aux problèmes du pays. «Mon gouvernement ne sera pas un gouvernement de compromis et de reddition (en matière nucléaire) mais nous ne serons pas non plus aventuriers», a-t-il affirmé lors de la campagne, se disant «dans la continuité de Rafsandjani et Khatami». M.Rohani n'a pas non plus écarté - «même si cela sera difficile» selon lui - des discussions directes avec les Etats-Unis, ennemi historique de la République islamique, pour régler la crise nucléaire. Cependant, selon la Constitution, les capacités d'action du président sont limitées sur les dossiers stratégiques, tel le nucléaire, au profit du Guide suprême. Religieux de rang de hodjatolislam, M.Rohani porte un turban blanc et une barbe grisonnante toujours très soignée. Fervent soutien du fondateur de la République islamique, l'ayatollah Khomeini, avant même la révolution de 1979, M.Rohani a un long passé de responsable politique. Député entre 1980 et 2000, il a ensuite été élu membre de l'Assemblée des experts, instance chargée de superviser le travail du Guide suprême Ali Khamenei. Il est toujours représentant de l'ayatollah Khamenei au sein du Conseil suprême de la sécurité nationale. Mais il a quitté son poste de secrétaire de ce Conseil après l'élection de M.Ahmadinejad en 2005. Peu après, l'Iran relançait son programme d'enrichissement, s'attirant les foudres de l'ONU et des grandes puissances qui imposaient des sanctions économiques. Il est également membre de l'Association du clergé combattant, qui réunit les religieux conservateurs. Mais ces dernières années, il s'est rapproché des réformateurs. Originaire de Sorkhey dans la province de Semnan (sud-est de Téhéran), M.Rohani est titulaire d'un doctorat de droit de l'Université de Glasgow. Il est marié et a quatre enfants.