La télévision instrument convivial mais aussi «un pont virtuel» au dénouement des conflits. «La télévision, un pont virtuel sur la Méditerranée entre les peuples et les cultures» est le dernier ouvrage de Jean-Noël Dibie. A l'occasion de sa traduction en langue arabe (par la maison d'édition Ziriab), l'auteur a animé, samedi au siège de l'Entv, une conférence-débat. A travers cet ouvrage Dibie fait une analyse sur l'évolution de l'audiovisuel dans la Méditerranée et l'impact du numérique sur ces pays. «Au milieu de cette immense guerre médiatico-satellitaire beaucoup plus commerciale que culturelle provenant des pays anglo-saxons, face à l'économie de marché (la globalisation)», M.Noël pose une importante problématique à savoir le devenir du service public, est-ce qu'il a toujours une raison d'être (on entend par là l'audiovisuel réservé à un large public) si l'on considère que l'identité culturelle méditerranéenne est menacée par la suprématie de lobbies qui va crescendo? Selon le conférencier, pour sauvegarder le service public et l'inscrire dans une dynamique culturelle, pas uniquement commerciale, l'on doit construire ce pont virtuel grâce auquel nous pourrons dénouer les conflits. Comment? A travers un travail commun, l'échange de l'information, la circulation des programmes, ou mieux encore la création d'un guide électronique de programme qui permettra à chaque pays, faisant partie du bassin méditerranéen, de sélectionner ses propres chaînes tout en conservant son aspect identitaire. Ainsi, pour atteindre cet objectif, affirme-t-il, l'Union européenne de Radio-Télévision (UER), la conférence permanente de l'audiovisuel en Méditerranée (Copeam) et l'Arab States Broadcasting Union (Asbu) travaillent d'arrache-pied pour justement converger vers le même but. L'allusion a été faite à l'éventuelle chaîne Euro-Med - qui demeure un projet mort-né - et que M. Jean- Noël Dibbie considère comme un rêve irréalisable faute, dit-t-on, de moyens financiers. Gardant toujours espoir pour la création de cette chaîne, l'auteur a émis le voeu (air sarcastique) que si aujourd'hui l'énième réunion du processus de Barcelone décide de le concrétiser, ils ne diront pas non. Bravo M.Noël pour cet ouvrage référentiel sur la Méditerranée, mais la question que l'on doit se poser, c'est comment adopter une politique commune dans l'audiovisuel dans un contexte politique diamétralement opposé, pis encore, comment peut-on ensemble nous pays de la Méditerranée coproduire des programmes communs, alors que les pays du Sud achètent unilatéralement les produits du Nord? Et puis s'il y avait cet échange, qui nous dit que nos produits seraient conforment à ce qu'attendent les gens du Nord? Preuve en est, le directeur général de la Télévision, M.Hamraoui Habib Chawki, parlant du programme de l'Unique, a affirmé, lors de cette rencontre, ne pas disposer de sondage pour savoir ce qu'on peut offrir aux téléspectateurs du cru. Qu'en est-il alors des autres pays de la Méditerranée? Une lourde mission difficile à accomplir. En réalité une utopie. «La télévision, un pont virtuel sur la Méditerranée entre les peuples et les cultures» porte bien son nom! Jean-Noël Dibbie est docteur en droit et diplômé de l'institut d'études politiques de Paris. Il est également enseignant à la Sorbonne en économie et droit international de l'audiovisuel. Outre ses activités universitaires, il a fait carrière à la télévision publique depuis 1969. Actuellement il est délégué à la direction du développement international de France Télévision et l'auteur de plusieurs ouvrages, dont, «L'enclume et le marteau», «Le service public de la télévision dans l'Union européenne», «La TV publique en Europe», «La 51e étoile», «L'Europe audiovisuelle, le financement de la production audiovisuelle» et enfin «Les clés du marché audiovisuel international».