Le président Mahmoud Abbas a accepté hier la démission de son Premier ministre Rami Hamdallah, qu'il n'est pas parvenu à faire revenir sur sa décision, moins de trois semaines après sa nomination, plongeant l'Autorité palestinienne dans une nouvelle crise. Cette annonce marque l'épilogue d'environ 48 heures de tractations entre M.Abbas et M.Hamdallah, déclenchées par la démission surprise du chef du gouvernement, un universitaire nommé le 2 juin, frustré par le partage des pouvoirs avec les deux vice-Premiers ministres imposés par le président. «Le président Abbas a accepté la démission de M.Hamdallah après que ce dernier a refusé de travailler avec deux vice-Premiers ministres», a affirmé un haut responsable palestinien sous le couvert de l'anonymat à l'issue de leur troisième rencontre en trois jours. «Le président Abbas a rejeté les conditions posées par le Premier ministre pour rester», a affirmé ce haut responsable, précisant que M.Hamdallah avait «insisté soit pour ne pas avoir de vice-Premiers ministres, soit que ceux-ci ne bénéficient que de compétences réduites». Le porte-parole du président, Nabil Abou Roudeina, a confirmé la démission dans un communiqué publié par l'agence WAFA, ajoutant que M.Abbas avait demandé au Premier ministre démissionnaire de «continuer à expédier les affaires courantes jusqu'à la formation d'un nouveau gouvernement». M.Hamdallah avait suspendu sa démission après un premier entretien vendredi soir, réclamant «des compétences claires et définies pour lui en tant que chef du gouvernement et pour ses vice-Premiers ministres conformément à la loi afin d'éviter les conflits et les empiètements sur les prérogatives» de chacun, selon un haut responsable. Il était encadré dans le gouvernement formé le 6 juin par deux vice-Premiers ministres, le député Ziad Abou Amr et Mohammad Moustapha, président du Fonds d'investissement de Palestine (FIP) et conseiller économique du président, en charge des questions économiques. «Ce qui a mis le feu aux poudres est le mandat donné à Mohammed Moustapha par le président Abbas pour signer des accords avec la Banque mondiale», alors que cela faisait partie des prérogatives de son prédécesseur Salam Fayyad, économiste plébiscité par la communauté internationale, a indiqué vendredi un proche de M.Hamdallah. Cet épisode trahit le déclin de l'Autorité palestinienne, selon des commentateurs et responsables politiques. La démission de M.Hamdallah «traduit la profondeur de la véritable crise traversée par les institutions de l'Autorité en raison de l'existence de nombreux centres de pouvoir et de conflits de prérogatives», a estimé dans un communiqué le Hamas, au pouvoir à Ghaza. «C'est la principale raison de la poursuite de la division et le blocage de la réconciliation a conduit à ce résultat prévisible», a assuré le Hamas, appelant à «appliquer toutes les clauses de l'Accord du Caire, y compris la formation d'un gouvernement d'entente nationale». Dès sa nomination,M.Hamdallah avait dit vouloir s'effacer rapidement en faveur d'un gouvernement d'union nationale, en vertu des accords de réconciliation entre le Fatah et le Hamas, qui gouvernent respectivement les zones autonomes de Cisjordanie et la bande de Ghaza.