La campagne cherche, pour l'instant sans succès, la passion et le désir. Y a-t-il un candidat capable de faire le vide autour de sa candidature dès le premier tour? Telle est la question qui tarabuste les esprits des observateurs de la scène politique nationale de même que la vox populi. Une question dont la première partie de la réponse sera connue en fin de soirée du 8 avril, journée des élections. Ceci dans la cas où un des candidats arrive à décrocher la majorité du suffrage. Avec l'expiration, hier, du délai de dépôt des candidatures et le retrait de certaines personnalités politiques, bien avant la date butoir, la course à la magistrature suprême se résume à une bataille électorale entre trois pôles, constitués ou non. Une bataille dans laquelle il faudra tenir compte des outsiders que sont Mme Louisa Hanoune et MM.Sid Ahmed Ghozali et Moussa Touati, président du FNA, détenteur de 6 sièges de députés et qui ont largement les capacités de jouer les trouble-fêtes. C'est ainsi que nous avons, d'un côté, le trio, Benflis, Sadi et Ahmed Taleb El Ibrahimi, représentant le groupe antifraude, d'un autre le président de la République, parrainé par l'alliance présidentielle drivée par le RND, le MSP et le mouvement de redressement du FLN, (ce dernier sous la conduite du ministre d'Etat et ministre des Affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem), et enfin, le pôle islamiste représenté par le président du Mouvement de la réforme nationale, Abdallah Djaballah. D'ores et déjà, trois options se présentent quant à l'issue de la prochaine élection présidentielle. Le premier cas est que Abdelaziz Bouteflika remporte l'élection avec un score large et succéder ainsi à lui-même. C'est du moins l'apparence en première lecture, mais qui reste peu probable d'autant plus que les deux autres pôles ne sont pas prêts à céder au vu de leur ancrage populaire. En effet cette éventualité est à écarter du fait que le président devra affronter, outre Ali Benflis, son principal concurrent direct, l'islamiste radical, Abdallah Djaballah Saïd Sadi et l'ancien ministre des Affaires étrangères, l'islamiste modéré Ahmed Taleb Ibrahimi. Ce dernier, bien qu'il se soit retiré en 1999 avec cinq autres candidats, dont Hocine Aït-Ahmed, président du FFS, pour protester contre la fraude, avait été accrédité alors de 12% des suffrages. Aujourd'hui encore, il se place comme l'adversaire le plus farouche du président de la République, après Abdallah Djaballah. Si ces deux derniers comptent puiser dans le vivier islamiste, Bouteflika est, quant à lui, assuré du soutien des deux partis de l'actuelle coalition gouvernementale et d'une dissidence du FLN conforté par le soutien assuré de l'Organisation nationale des moudjahidine et d'une partie de la société civile. Certes, le Chef d'Etat a passé le cap mais ce qui compte est à venir, au moment où il faudra effacer de la mémoire des Algériens les zones d'ombre du quinquennat en puisant dans une détermination politique nouvelle. Le droit à l'erreur devient, de fait, limité. Le second cas, le plus attendu et le plus espéré pour ancrer davantage la démocratie en Algérie, est le passage au second tour pour deux candidats.