L'Assemblée libyenne a élu à sa tête, pour la première fois, un leader amazigh Sur neuf candidats en lice, deux candidats indépendants sont passés au 2e tour. Nouri Bousahmin, un indépendant, a obtenu 73 voix sur 185 votants, contre 60 voix pour Al-Chérif al-Wafi. Les députés de l'Assemblée nationale libyenne étaient réunis hier pour élire un nouveau leader intérimaire, pour succéder à Mohamed Megaryef poussé à la démission après l'adoption d'une loi bannissant de la vie politique les ex-collaborateurs du régime déchu. Sur neuf candidats en lice, deux candidats indépendants sont passés au 2e tour. Nouri Bousahmin, un indépendant originaire de la ville amazighe de Zouara (ouest) a obtenu 73 voix sur 185 votants, contre 60 voix pour Al-Chérif al-Wafi, un économiste et homme d'affaires de l'est du pays. Selon le règlement intérieur du Congrès général national (CGN), la plus haute instance dirigeante du pays, le nouveau président du Congrès doit l'emporter à la majorité simple. A l'issue de l'annonce des résultats du premier tour, la séance plénière a été suspendue et devrait reprendre plus tard dans la journée, selon le vice-président de l'Assemblée Jomaa Atiga. Les deux principaux blocs, le Parti de la justice et de la construction (PJC) issu des Frères musulmans, et l'Alliance des forces nationales (AFN, libérale), ont indiqué qu'ils ne présentaient pas de candidats. A l'ouverture de la séance plénière, le PJC a demandé de reporter le vote jusqu'à la formation d'une commission chargée de l'application de la loi bannissant de la vie politique les anciens collaborateurs du défunt dictateur Mouamar El Gueddafi, renversé en octobre 2011 après huit mois de rébellion. Mais cette demande a été rejetée par M.Atiga, qui assure la présidence par intérim depuis la démission de M.Megaryef. Une vingtaine de membres de l'Assemblée pourraient être concernés par cette loi controversée adoptée le 5 mai sous la pression de miliciens armés qui ont occupé deux ministères à Tripoli durant plusieurs jours. Le texte excluait d'office M.Megaryef qui avait été ambassadeur en Inde sous l'ancien régime durant les années 1980. Mais M.Megaryef a quand même choisi de démissionner. La loi n'est toujours pas entrée en vigueur, une commission devant encore statuer sur les personnalités visées par le texte. Elu en août à la tête du CGN issu des élections du 7 juillet 2012, M.Megaryef, né en 1940 à Benghazi (est), avait passé 31 ans en exil dont une vingtaine comme réfugié politique aux Etats-Unis, avant de rentrer au pays dans la foulée de la révolte qui a mis fin au règne d'El Gueddafi. Le nouveau président du CGN, doit conduire le pays vers de nouvelles élections générales sur la base d'une nouvelle constitution qui doit fixer le modèle politique du pays. Le Congrès penche actuellement sur la loi électorale qui doit régir l'élection d'une «Commission constitutionnelle», d'une soixantaine de membres, qui sera chargée de la rédaction de la Constitution. Tarek Mitri, représentant spécial de l'ONU en Libye, a appelé cette semaine les autorités libyennes à accélérer le processus constitutionnel, afin de «raccourcir la période de transition». «Plus la période de transition est courte, mieux c'est», a-t-il déclaré à des journalistes. Depuis la chute du régime de Mouamar El, Gueddafi en octobre 2011, les autorités de transition n'ont pas été en mesure de rétablir l'ordre dans le pays en proie à une insécurité croissante. Plusieurs attaques contre les forces de sécurité et les intérêts occidentaux ont eu lieu ces derniers mois en Libye. L'un des défis du nouveau président du CGN est précisément le problème de l'insécurité dans le pays où des milices aux différentes idéologies et motivations font la loi. Encore hier, six soldats ont été tués dans une attaque armée contre un point de contrôle au sud de la ville de Syrte (centre).