Le nouvel émir s'est montré circonspect dans son premier discours au ton modéré Dans son premier discours au ton modéré, il a dit vouloir de bonnes relations «avec tous les gouvernements et tous les pays», et n'a pas mentionné le conflit en Syrie, où son père soutenait sans réserve la rébellion. Le nouvel émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, a affirmé mercredi vouloir de bonnes relations avec «tous les Pays» et formé un nouveau gouvernement remplaçant celui de l'influent Hamad ben Jassem Al-Thani, acteur clé dans la diplomatie dynamique du petit émirat. Devenu mardi à 33 ans le plus jeune souverain du Golfe après l'abdication de son père, cheikh Tamim a nommé Premier ministre cheikh Abdallah Ben Nasser Ben Khalifa Al Thani, ministre d'Etat aux Affaires de l'Intérieur depuis 1995. Dans son premier discours au ton modéré, il a dit vouloir de bonnes relations «avec tous les gouvernements et tous les pays», et n'a pas mentionné le conflit en Syrie, où son père soutenait sans réserve la rébellion. Cheikh Tamim a ajouté que son pays «rejetait la division des sociétés arabes sur une base confessionnelle», dans une référence aux tensions entre sunnites et chiites dans plusieurs pays de la région. «Nous respectons tous les courants politiques sincères et influents dans la région mais nous ne sommes pas avec un courant contre un autre», a encore ajouté le jeune souverain dont le père et l'ex-Premier ministre étaient accusés de soutenir les islamistes dans la région. Il a réaffirmé «la solidarité» de son pays avec le peuple palestinien pour le recouvrement de «ses droits légitimes», soulignant que la paix au Proche-Orient passait par le retrait d'Israël des territoires palestiniens occupés en 1967. Cheikh Tamim a succédé à son père, cheikh Hamad ben Khalifa Al-Thani, 61 ans, qui a abdiqué mardi en sa faveur. Ce dernier, qui a expliqué vouloir «confier les responsabilités à la nouvelle génération», a légué à son fils l'un des pays les plus riches au monde, devenu un acteur incontournable dans les crises régionales. Cette abdication est rare dans l'histoire récente du monde arabe où les souverains vieillissants se maintiennent au pouvoir. Elle ne devrait néanmoins pas avoir d'incidence sur la politique générale du Qatar, un proche allié des Etats-Unis mais qui soutient également les islamistes parvenus au pouvoir à la faveur du Printemps arabe. «Il n'y aura pas de changement de fond dans la politique étrangère du Qatar, cheikh Tamim étant le produit de la politique de son père depuis son accession au pouvoir en 1995», a indiqué l'analyste Ibrahim Charqieh. Dans le nouveau gouvernement, Khaled Al Attiya remplace aux Affaires étrangères cheikh Hamad, qui dirigeait le gouvernement depuis 2007 et la diplomatie depuis 1992. Le ministre de l'Energie du riche pays qui détient les troisièmes réserves mondiales de gaz naturel, Mohammad Al Sada, est maintenu à son poste. Et le directeur général de l'influent réseau Al Jazeera, Ahmed ben Jassim Al Thani, est nommé ministre de l'Economie et du Commerce. Le départ de cheikh Hamad, connu pour son franc-parler, «se traduira certainement par un changement de style mais pas de fond», a estimé M.Charqieh, directeur adjoint de Brookings Doha Center. «Le Qatar a créé des ponts avec les forces émergentes dans la région, celles des mouvements islamistes, dont les Frères musulmans, qui ont fait une percée dans les pays du Printemps arabe», a-t-il expliqué. Cette ligne «ne va pas changer sous le règne de cheikh Tamim», prédit-il, alors que son père était critiqué en Tunisie et en Egypte pour son soutien aux islamistes. A l'étranger, le président américain Barack Obama a félicité le jeune émir et son père, affirmant que les Etats-Unis aspiraient à «renforcer la coopération» avec le Qatar qui abrite une importante base américaine. Et l'Iran, le principal allié du régime syrien dans la région, a exprimé l'espoir que le nouvel émir réexamine la position de son pays sur ce conflit. Plusieurs souverains et responsables arabes sont venus à Doha pour féliciter le nouvel émir. Reste la question de la désignation d'un nouveau prince héritier qui doit être tranchée. Selon la Constitution, cette fonction revient au fils de l'émir, or le fils aîné du nouveau souverain n'est âgé que d'environ cinq ans.