Une escouade de l'armée israélienne a occupé hier plusieurs banques palestiniennes à Ramallah. C'est la première fois que l'armée israélienne s'attaque directement à des lieux réputés non militaires: les banques. Ainsi, quatre banques situées Ramallah et sa périphérie ont été envahies hier matin par des groupes de soldats de l'armée israélienne d'occupation. Les soldats israéliens qui ont opéré cette descente ont masqué les caméras, selon des témoins sur les lieux, pour ne pas se faire filmer, ce qui donne à l'opération une allure clandestine hors-la-loi, dans un pays qui fait peu cas des droits et des lois lorsqu'il a affaire aux Palestiniens. Les banques ainsi visitées sont l'Arab Bank de Ramallah, une de ses succursales à El-Bireh et les succursales de l'International Palestinian Bank et de la Cairo-Amman Bank. 16 Palestiniens ont été blessés lors des heurts avec les soldats israéliens qui occupaient ces banques. Après avoir échoué à briser l'Intifada, malgré l'arsenal utilisé contre la population palestinienne, et empêcher les opérations en Israël même, Israël s'en prend aux banquiers palestiniens, plusieurs d'entre eux étaient hier aux mains des soldats israéliens. Cette opération aurait pour objectif, selon des sources militaires israéliennes «(...) de rendre plus difficiles les virements de fonds servant à mener des attentats terroristes en Israël». Après les massacres des populations palestiniennes; comme l'an dernier à Jénine et Naplouse, la construction du mur de l'apartheid, voici venir le temps de s'attaquer, à l'instar des bandits de grands chemins, au dernier refuge du «terrorisme»: les banques palestiniennes. Ainsi, Israël aura tout essayé pour venir à bout de la résistance palestinienne, ignorant la seule solution pouvant garantir la paix et la sécurité pour les deux communautés palestinienne et juive : le retrait de l'armée d'occupation israélienne des territoires palestiniens. Cela semble par trop évident que même le protecteur américain d'Israël se refuse à faire pression (sur les Israéliens) pour imposer la solution que le bon sens indique. Menant le jeu à sa guise, un jeu plutôt trouble, Israël se veut juge et partie et impose sa seule vision de ce qui devrait se faire au Proche-Orient. A telle enseigne que les Etats-Unis appréhendent beaucoup les initiatives prises ces derniers temps par le chef du gouvernement israélien, Ariel Sharon, craignant ainsi que le mur qu'édifie Israël en Cisjordanie ne donne lieu à la fixation unilatérale par Israël de frontière en dehors de tout accord négocié. Ce qui équivaudra à la mort officielle du plan de paix, la «feuille de route» qu'ils parrainent avec l'UE, l'ONU et la Russie. Cette crainte de Washington, illustre surtout l'impuissance des Etats-Unis à ramener à la raison Israël qui semble aujourd'hui imposer son diktat à une communauté internationale tétanisée par la peur d'être accusée d'antisémitisme. Par ailleurs, Sharon évoque depuis plusieurs semaines la possibilité de retrait de Ghaza mais ne dit pas à qui Israël va remettre Ghaza, dans le cas certes où ce projet se concrétiserait. Aussi, à qui Israël va-t-il remettre Ghaza : aux Palestiniens? - Sharon vient d'affirmer qu'il n'est pas question de négocier avec l'Autorité palestinienne-, à l'ONU? -Israël rejette tout déploiement d'une force internationale à Ghaza-, à l'Egypte, comme en a couru le bruit ces derniers jours ? - le président égyptien, Hosni Moubarak, a été catégorique hier à ce sujet, il n'est pas question, affirme-t-il, que l'Egypte gère à nouveau Ghaza indiquant «la question est ancienne et (l'ancien Premier ministre israélien Menahem) Begin l'avait proposé à (l'ancien président égyptien Anouar) Al Sadate qui l'avait refusé parce que nous oeuvrons à la création d'un Etat palestinien indépendant»). Aux Etats-Unis? Pour quoi faire? En fait, tout cela entre de plain-pied dans les manoeuvres auxquelles Israël a accoutumé le monde comme cela a été le cas avec les accords d'Oslo dénoncés par Benjamin Netanyahu d'abord, Ariel Sharon ensuite, en tant que Premiers ministres d'Israël, comme cela a été le cas des négociations Yasser Arafat- Ehud Barak en 1999/2000 sous la houlette du président démocrate américain Bill Clinton. Israël dans ses rapports avec les Palestiniens a toujours fait un petit pas en avant, pour tromper l'opinion internationale, pour immédiatement faire deux grands pas en arrière. En fait, le jeu trouble a été une constante de la politique israélienne depuis les premiers contacts directs entre Palestiniens et Israéliens. Cela n'a pas changé et Israël poursuit le même objectif: avoir la paix sans céder la terre.