Une marée humaine estimée à plusieurs millions de personnes, a envahi dimanche, places et boulevards du Caire Hier, sur la place Tahrir, où les manifestants exultaient lundi soir après l'annonce de l'armée donnant à M.Morsi 48 heures pour «satisfaire les revendications du peuple», l'ambiance était tendue. Le président égyptien Mohamed Morsi apparaissait de plus en plus isolé hier, lâché par cinq ministres et son propre porte-parole et sous le coup d'un ultimatum fixé par l'armée exigeant qu'il réponde aux demandes du peuple, après des manifestations monstres. Les partisans du président islamiste se rassemblaient en masse en début d'après-midi hier à travers le pays, tandis que l'opposition se mobilisait également pour continuer d'exiger son départ, faisant craindre un regain de violence. Sur la place Tahrir où les manifestants exultaient lundi soir après l'annonce de l'armée donnant à M.Morsi 48 heures pour «satisfaire les revendications du peuple», l'ambiance était tendue. Des effectifs de police supplémentaires étaient également déployés dans la capitale. «Le régime n'est plus légitime», déclarait un manifestant anti-Morsi disant craindre que les islamistes «ne se battent jusqu'à la fin avant de tomber». La plupart des entreprises étaient fermées au Caire, où les rues quasi-désertes contrastaient avec l'habituelle activité de la mégalopole égyptienne. Le ministre des Affaires étrangères, Mohammed Kamel Amr, a annoncé son départ, rejoignant quatre autres ministres, dont celui du Tourisme, démissionnaires depuis dimanche. M.Kamel Amr est le plus important membre du cabinet à se retirer. Dans la foulée, le porte-parole de la présidence Ehab Fahmi et le porte-parole du gouvernement, Alaa al-Hadidi, ont quitté leur poste. Infligeant un revers supplémentaire au président islamiste, la justice, engagée depuis son élection dans un bras de fer avec M.Morsi, a ordonné la réintégration du procureur général, Abdel Méguid Mahmoud, nommé sous Hosni Moubarak, qu'il avait limogé en novembre par décret présidentiel. L'ultimatum de l'armée pour que soient «satisfaites les revendications du peuple», qui vient à échéance ce soir, a été lancé par le commandement militaire au lendemain de manifestations massives à travers tout le pays pour exiger le départ du président issu des Frères musulmans, élu il y a tout juste un an. Si ce délai était dépassé, l'armée a indiqué qu'elle présenterait une «feuille de route» visant à sortir de la crise. La présidence a rejeté cet ultimatum dans la nuit en affirmant que «l'Egypte ne permettra absolument aucun retour en arrière quelles que soient les circonstances», et en présentant M.Morsi comme le garant de la «réconciliation nationale» et de la «paix sociale». Le chef de l'armée et ministre de la Défense, le général Abdel Fattah al-Sissi, avait déjà déclaré la semaine dernière que les militaires ne laisseraient pas le pays «plonger dans un tunnel sombre de conflit et de troubles». L'armée, qui avait assuré une direction controversé du pays entre la chute de Hosni Moubarak début 2011 et l'élection de M.Morsi en juin 2012, a démenti hier matin vouloir préparer un «coup», et assuré qu'elle cherchait «à pousser tous les bords politiques à trouver une issue rapide à la crise actuelle». La principale coalition de l'opposition, le Front du salut national, a affirmé sa «confiance» dans l'armée, estimant que ses déclarations prouvaient que les militaires ne voulaient «pas s'investir en politique». Les anti-Morsi rassemblés place Tahrir au Caire avaient scandé dès lundi soir: «Morsi n'est plus notre président, Sissi avec nous», descendant par dizaines de milliers dans les rues du Caire, d'Alexandrie (nord) et d'autres grandes villes du pays. Empêcher un coup d'Etat Au besoin par le «martyre» Un responsable des Frères musulmans égyptiens, le puissant mouvement islamiste dont est issu le président Mohamed Morsi, a appelé hier à empêcher un coup d'Etat après l'ultimatum fixé par l'armée, au besoin par le «martyre». «Chercher le martyre pour empêcher un coup d'Etat est ce que nous pouvons offrir aux précédents martyrs de la révolution», a déclaré dans un communiqué Mohamed al-Beltagui, alors que l'armée a donné 48 heures au président pour satisfaire les revendications du peuple après des manifestations monstres réclamant sa démission.