L'islamiste radical Abou Qatada, que Londres tente sans succès d'expulser depuis près d'une décennie, sera extradé dimanche vers la Jordanie, a annoncé hier un responsable jordanien. «Abou Qatada quittera dimanche Londres pour la Jordanie où il arrivera dans la matinée», a dit ce responsable gouvernemental, sous le couvert de l'anonymat. Cet islamiste palestinien de nationalité jordanienne, condamné en Jordanie pour «préparation d'attentats», «sera transféré en Jordanie à bord d'un appareil militaire, escorté par des gardes jordaniens et britanniques», a-t-il ajouté sans autres précisions. Le 21 juin, le Royaume-Uni avait officiellement approuvé un accord signé avec la Jordanie visant à faciliter l'extradition de cet islamiste, après sa ratification par le roi Abdallah II de Jordanie. Selon Londres, le texte «comprend un certain nombre de garanties pour un procès équitable (...)». «Ces garanties offriront aux tribunaux l'assurance que lors d'un nouveau procès en Jordanie, Abou Qatada ne sera pas confronté à des preuves qui auraient pu être obtenues sous la torture», a expliqué la ministre britannique de l'Intérieur Theresa May. Les autorités britanniques tentent d'expulser l'islamiste âgé de 52 ans depuis plus d'une décennie vers le royaume hachémite. La Jordanie veut le rejuger dans deux affaires liées à la préparation présumée d'attentats, qui lui ont valu d'être condamné par contumace dans ce pays à la prison à perpétuité assortie de travaux forcés en 1998, et à 15 ans de prison en 2000. Arrêté une première fois en 2002 au Royaume-Uni et considéré un temps comme un relais d'Al Qaîda en Europe, Abou Qatada a passé la majeure partie de la décennie écoulée en prison, sans avoir jamais été inculpé. Abou Qatada, qui représente selon la justice britannique une «menace pour la sécurité nationale», est actuellement détenu à la prison de Belmarsh (sud-est de Londres). Il avait dit être prêt à retourner volontairement en Jordanie, si le royaume ratifiait un traité prohibant l'utilisation de preuves obtenues par la torture. L'accord entre Londres et Amman permet également l'extradition depuis Londres de Walid Kourdi, oncle du roi Abdallah II, condamné par contumace à 37 ans et demie de prison assorties de travaux forcés et d'une énorme amende pour corruption, selon Khalil Attieh, le vice-président du Parlement jordanien.