L'attachement des «Sanafir» à leur club, le CSC, est vraiment phénoménal. Fortement appréhendé en raison de l'énorme enjeu qui la caractérisait, la rencontre CSC-MOC s'est déroulée sous une haute surveillance policière. Avant, durant et après le match, un impressionnant dispositif sécuritaire a été déployé à l'intérieur du stade Hamlaoui, aux alentours et pratiquement le long des principales artères menant au centre-ville. Deux heures avant le début de la rencontre, tout Constantine retenait déjà son souffle et la ville donnait l'impression d'être sous état de siège! Un derby à haut risque. Tout le monde en était conscient et chacun craignait le pire. Signe du temps et d'une jeunesse qui a grandi au sein d'une société traumatisée par une décennie d'une violence meurtrière dont les séquelles subsistent encore. Le moindre incident, la moindre «bêtise», banale fut-elle, pouvaient donner lieu à de graves dérapages aux lourdes conséquences. Dire que le phénomène «Sanafir» pose un sérieux problème de sécurité, sans essayer d'aller au fond du sujet, c'est faire preuve d'une vision réductrice des problèmes d'une jeunesse qui n'a pas encore trouvé ses repères. «Ni visa, ni euro», reprise, paraphrase d'une célèbre chanson raï est devenue par la force des choses un hymne, un cri du coeur, un tragique SOS et une expression franche d'un ras-le-bol de cette nouvelle race de potentiels émeutiers, que le dernier des fauteurs de troubles peut manipuler pour transformer un match de football en tragédie. Certes, le CSC a gagné ce match et les «Sanafir», ce public qui fait peur, n'ont pas troublé l'ordre public comme on le craignait. Mais, il ne faut pas se leurrer. Le malaise est trop profond, car si pour ce derby, le but marqué par Zerohia a épargné aux Constantinois une fin de match houleuse, le pire reste toujours à craindre tant que les ingrédients de la violence sont réunis. CSC-MOC sera toujours considéré comme un derby qui fait peur tant que la gangrène de l'intolérance et de l'agressivité n'a pas été extirpée de la société algérienne.