C'est pareil chaque année et cela sans que personne ne réagisse Ces métiers ont la particularité de s'exercer dans la totale illégalité et bien évidemment sans le moindre respect des normes élémentaires d'hygiène. Un véritable danger! Ils sont de retour! Comme à chaque Ramadhan, des métiers spécifiques à cette période font leur apparition. Le Ramadhan, c'est la période pour faire des bonnes affaires. Tout ce qui est nourriture se vend comme des «petits pains». Les effets du jeûne font que les citoyens sont peu regardants sur la qualité. Comme dirait l'autre, l'essentiel est que ça se mange... Alors, les jeunes ne font pas prier pour en profiter. Ne manquant pas d'ingéniosité, ils ont créé des métiers du Ramadhan. Ces métiers ont la particularité de s'exercer sur les trottoirs, dans la totale illégalité et bien évidemment sans le moindre respect des normes élémentaires d'hygiène. Parmi ces métiers on trouve bien sûr les classiques, à savoir vendeur de zlabia et kalb elouz. Des gâteaux traditionnels, très prisés par les Algériens pour accompagner leurs «sahrate», (l'après f'tour). Avec ces confiseries qui sont vendues sur les trottoirs, vous avez droit à un supplément de «mouches ou d'abeilles». Et quand elles ne sont pas vendues sur les étals clandestins qui squattent les artères de nos villes, ce sont les épiciers, les fast-foods, marchands de légumes... qui se mettent de la partie. Ils se transforment, le temps d'un Ramadhan, en confiseurs. Le plus grave, c'est que des gérants de taxiphone, les vulcanisateurs, cordonniers...enfin, tous ceux qui disposent d'un local, prennent le train en marche. Là aussi, les conditions d'hygiène sont inexistantes. Néanmoins, cette activité qui n'est plus aussi rentable qu'avant a perdu un peu de vitesse. Ils ne sont plus aussi nombreux à vendre ce genre de confiseries. Ils ont été supplantés par d'autres produits à l'instar des boureks et poisson cuit, de la chorba, du pain en tous genres... Ils sont, eux aussi, proposés sur les trottoirs. Et cela avec les mêmes conditions d'hygiène. Ces produits exposés à la chaleur, à la poussière et autre pollution, sont un véritable danger pour notre santé. Boureks et cherbet Par exemple, des jeunes proposent des boureks prêts à être consommés. Ils sont farcis à la viande hachée ou au poisson (qui sont des produits très sensibles). Ils sont préparés et vendus sur la chaussée sans le moindre respect des normes élémentaires d'hygiène. Un véritable danger pour la santé publique. Mais ce n'est rien par rapport à la star incontestée de ce mois, la cherbet. Cette boisson traditionnelle renaît de ses cendres ces dernières années pour devenir un produit incontestable de la table du f'tour. Le hic est que cette boisson périssable est très sensible. Elle qui devrait être pasteurisée est toutefois préparée dans des bidons à l'hygiène douteuse, en plus d'être exposée toute la journée sous un soleil de plomb. Cette boisson «atomique» est vendue dans des sachets de congélation. La chaîne du froid n'est absolument pas respectée. Malgré tous ces dangers, les citoyens n'hésitent pas un instant à acheter cette «cherbet». Certains font même des dizaines de kilomètres pour trouver cette «boisson magique». On cite l'exemple de certains qui vont d'Alger jusqu'à Birtouta ou Blida pour acheter la cherbet qui d'après la légende est de Boufarik «cru»... Mais, passons, ce n'est pas notre sujet, revenons à nos moutons. Après une dure journée passée à vendre ou plutôt à empoisonner les citoyens avec leurs zlabia, kalb elouz, boureks, cherbet,... Les marchands informels reprennent de l'activité la nuit. Eh bien oui, le Ramadhan et ses bonnes affaires, ce n'est qu'un mois, il faut bien en profiter. Comme une pièce de théâtre digne de Broadway, après le f ́tour, le décor change. Comme par miracle. Ces mêmes marchands se transforment en vendeurs de glaces ou en «chouaye» (rôtisseurs). Ils occupent les trottoirs et proposent des brochettes de viande et des glaces d'origine suspecte et sans la moindre traçabilité. Djemaâ fait partie de ces rôtisseurs. Depuis plus de 7 ans, il s'adonne à ce métier qui semble lui rapporter gros. «J'ai même des clients fidèles qui m'appellent au téléphone pour commander des sandwichs de brochettes qu'ils consomment pour le s'hour», rapporte-t-il. Il n'y a pas un quartier qui ne soit pas enfumé par ces nouveaux barbecues. Ils prolifèrent de partout tels des champignons. On trouve même de jeunes adolescents qui ont pris le «choua» comme «job d'été»...La concurrence est très rude entre ces rôtisseurs du Ramadhan. Chacun essaie de concurrencer le prix, mais surtout en proposant différentes garnitures de salades variées. Comme la viande, son origine est douteuse. Des brochettes de foie à... 20 DA Les prix bas de ces brochettes qui sont en majorité des cas proposés à 20 dinars, que ce soit pour la viande, le foie ou la dinde, renforce cette suspicion. La provenance reste en effet inconnue, tout comme la garantie du respect de la chaîne du froid. Des brochettes de viande et de foie à 20 dinars, quand on sait les records qu'enregistrent les prix de ces produits durant le Ramadhan, il y a de quoi s'inquiéter. Surtout que les viandes sont des aliments à très haut risque d'intoxication qui peuvent conduire directement au cimetière. Les citoyens creusent leur propre tombe en achetant des aliments dans ce genre d'endroits où l'hygiène n'est nullement respectée. Ce sont eux qui, avec ce comportement, encouragent la prolifération de cette pratique illégale. Mais pourquoi autant d'inconscience? «Les prix!» répondent la plupart des citoyens. Mais le prix en vaut-il la chandelle? On a vu le scandale ces derniers jours concernant l'eau minérale Youkous contaminée, de la confiserie orientale (Halwat Eturk, Ghezzala et Naâoura) produite en Tunisie, porteuse d'une bactérie et des chips Pringels cancérigènes, qui passent pourtant sous le contrôle de l'Etat. Alors qu'est-ce que ça doit être avec ces produits vendus dans l'informel qui échappent à tout contrôle de l'Etat? Le ministère du Commerce est encore pointé du doigt. C'est pareil chaque année et cela sans que personne ne réagisse. Mustapha Benbada qui est à la tête du ministère du Commerce depuis plus de trois ans, n'arrive toujours pas à trouver de solution pour l'informel. Le gouvernement voulait pourtant l'éradiquer. Mais il a la peau dure en Algérie. En attendant, le danger guette les consommateurs à chaque coin de rue... Attention où vous marchez et à ce que vous mangez!