Les trabendistes ont leur propre système de régulation du marché, faisant fi des instructions du ministre du Commerce. Le marché informel a pris de l'ampleur durant le mois sacré du Ramadhan. En effet, bon nombre de citoyens se sont transformés en vendeurs du «Ramadhan». Une simple virée au marché de Bachdjarah nous renseigne vite que le marché informel a encore de beaux jours devant lui. Rues, ruelles et trottoirs sont complètement squattés par les vendeurs à la sauvette. Pourtant, mercredi dernier, le ministre du Commerce, Mustapha Benbada a tapé du poing en promettant de sévir contre les auteurs de pratiques commerciales illégales, et cela grâce au système de régulation mis en place par son département. Ce système se base sur trois axes importants qui sont, en premier, le contrôle quotidien des marchés de gros et de détail, leurs approvisionnement en produits alimentaires de large consommation, le deuxième concerne la sensibilisation des citoyens contre les pratiques de commerce illégal et le troisième est consacré aux moyens mis en place pour le contrôle de la qualité et des prix. A Bachdjarah les «trabendistes» que Benbada a menacé de chasser des trottoirs, ont carrément accaparé la chaussée, sans aucune réaction des autorités compétentes. Malheur à l'automobiliste qui veut emprunter cette route! Il risque un lynchage public. Dans ce marché toutes sortes de produits sont proposés et plus particulièrement les produits dit «périssables». La «charbet» une boisson très sensible et qui devrait être pasteurisée, est préparée dans des bidons à l'hygiène très douteuse, en plus d'être exposée toute la journée sous un soleil de plomb. Cette boisson traditionnelle est vendue dans des sachets de congélation. Mais il n'y a pas que le marché de Bachdjarah qui soufre de ce phénomène. Toutes les artères de la capitale regorgent de vendeurs occasionnels de «zlabia et kalbalouze», des confiseries proposées avec un supplément de «mouche ou d'abeille». Dans l'axe Rouiba - Bordj El Bahri -Aïn Taya, de nouvelles modes de consommation sont apparues. Des restaurants clandestins proposent des lapins, poulets, cailles... Dans ces baraques le client choisit «le gibier» à consommer et qui est égorgé et préparé sur place: «Du producteur au consommateur.» Il y a aussi des jeunes qui proposent des boureks préparés. Ces boureks farcis à la viande hachée ou au poisson (qui sont des produits très sensibles), sont préparés et vendus sur la chaussée sans le moindre respect des normes élémentaires d'hygiène. Après le f'tour, changement de décor. Ces mêmes marchands se transforment en vendeurs de glaces ou en chawaï (rôtisseurs). Ils squattent les trottoirs et proposent des brochettes de viandes et des glaces d'origines suspectes et sans la moindre traçabilité. Des produits très prisés par les Algériens durant cette période, mais surtout des produits à très haut risque. La protection des consommateurs sur laquelle a insisté le ministre est quasi inexistante. Il n'y a aucune campagne de sensibilisation, si ce n'est celle préconisée par les producteurs qui tentent de sensibiliser le citoyen. Le système de régulation made in Benbada à encore du chemin à faire surtout quand les contrôleurs eux-mêmes ne respectent pas les normes d'hygiène. En effet, le JT de 20h, dans un reportage montre un contrôleur qui touche à main nue toutes les viandes qu'il devait contrôler et cela sans gants. La même chose est constatée en ce qui concerne la spéculation et la rétention de la marchandise à l'effet de créer une pénurie. Les prix de l'huile et du sucre, deux produits de large consommation, qui sont censés avoir connu une baisse, ont augmenté. Les grossistes expliquent cette hausse, par la forte demande durant ce mois qui n'est pas suivie par l'augmentation de la production, ce qui provoque une sorte de pénurie.