Une ONG égyptienne s'est alarmée hier d'une recrudescence des violences contre la minorité chrétienne copte, dans le cadre du renversement du président islamiste Mohamed Morsi, exhortant les autorités intérimaires à réagir au plus vite pour la protéger. L'Initiative égyptienne pour les droits personnels (EIPR) «alerte sur la gravité des violences confessionnelles» survenues dans divers gouvernorats du pays depuis le 30 juin, date des grandes manifestations qui ont abouti au renversement par l'armée de M.Morsi, est-il indiqué dans un communiqué. L'ONG fait notamment état de la mort de quatre coptes les 4 et 5 juillet dans le gouvernorat de Louxor (Haute-Egypte), dans des actes de vengeance après le décès d'un musulman, imputé à un chrétien. La police n'a pris aucune mesure pour protéger cette population, alors que plusieurs maisons ont été encerclées, pillées et incendiées, ajoute-t-elle. La minorité chrétienne d'Egypte représente 6 à 10% de la population du pays, estimée à 84 millions d'habitants. Selon l'ONG, qui cite d'autres cas de violences récentes et de saccages d'églises, elle est accusée par des partisans du président déchu Morsi d'avoir oeuvré à son renversement. «Les coptes paient le prix des discours enflammés contre eux de dirigeants islamistes et de partisans de l'ancien président, qui les accusent d'avoir conspiré en faveur d'une intervention de l'armée pour renverser (Mohamed) Morsi», déclare Ichak Ibrahim, un responsable d'EIPR, cité dans le texte. M.Ibrahim juge en outre «troublante» l'incapacité de l'appareil sécuritaire (...) à protéger les citoyens et leurs biens, qui sont pris pour cible sur des bases confessionnelles». Les autorités «de transition doivent prendre des initiatives rapides pour protéger les Egyptiens et mettre un terme à la campagne» actuelle, souligne l'ONG, qui demande aussi l'ouverture d'enquêtes sur ces récentes violences à caractère confessionnel. L'arrivée d'un islamiste à la tête de l'Egypte mi-2012 avait aggravé le sentiment d'insécurité et de marginalisation des Coptes. Les relations entre le patriarcat copte et le pouvoir islamiste ont connu des tensions durant l'année de présidence de M.Morsi. En avril, le patriarche Tawadros II avait accusé M.Morsi de «négligence», à la suite d'affrontements devant la cathédrale Saint-Marc du Caire, qui avaient fait deux morts et 89 blessés.