Les heurts, souvent mortels, se multiplient entre l'armée et les pro-Morsi Plusieurs dizaines de milliers de partisans de M.Morsi sont descendus dans la rue lundi soir et des échauffourées ont éclaté dans la nuit sur plusieurs sites entre les forces de l'ordre et des groupes de manifestants. L'Egypte a connu de nouvelles violences meurtrières, avec le décès dans la nuit de sept personnes en marge de manifestations pro-Morsi au Caire, où l'annonce officielle du gouvernement de transition était attendue hier ou aujourd'hui. Plusieurs dizaines de milliers de partisans de M.Morsi sont descendus dans la rue lundi soir et des échauffourées ont éclaté dans la nuit sur plusieurs sites entre les forces de l'ordre et quelques groupes de manifestants. Ces heurts ont fait sept morts et plus de 200 blessés au total durant la nuit, selon une source médicale. Selon elle, cinq personnes ont été tuées dans le quartier de Guizeh (sud-ouest du Caire) et deux autres dans le secteur de Ramses, proche du pont du 6 octobre -l'un des principaux ponts sur le Nil- et de la place Tahrir. En fin de soirée, quelque 200 pro-Morsi avaient tenté de bloquer ce pont, entraînant l'intervention de la police à l'aide de grenades lacrymogènes. Les manifestants avaient répliqué en jetant des pierres. D'après un témoin, 125 personnes ont été blessées durant la nuit à Ramses, et 130 à Guizeh. En début de matinée, la police avait fait état de quatre blessés dans ses rangs. Plus d'une centaine de personnes sont mortes en Egypte depuis le 3 juillet, date du renversement par l'armée du président islamiste Mohamed Morsi, au terme de manifestations massives réclamant son départ. Les incidents de lundi soir étaient les premiers signalés au Caire depuis les violences sanglantes qui ont fait au moins 53 morts lors d'un rassemblement pro-Morsi devant le siège de la Garde républicaine, le 8 juillet. Les partisans de Mohamed Morsi, qui dénoncent un «coup d'Etat militaire» contre le premier président démocratiquement élu, affirment qu'ils ne cesseront leur mobilisation qu'après son retour. Ils continuent d'occuper les abords de la mosquée Rabaa al-Adawiya, dans le faubourg de Nasr City, où ils étaient encore des dizaines de milliers lundi soir. Dans le camp rival, les anti-Morsi, qui reprochent au président déchu d'avoir gouverné au seul profit de sa confrérie et de ne pas avoir fait face à la crise économique, appellent aussi à de fréquents rassemblements, place Tahrir et devant le palais présidentiel. La mobilisation a toutefois baissé d'un cran ces derniers jours. Lors d'une visite au Caire, la première d'un haut responsable américain depuis le 3 juillet, le secrétaire d'Etat adjoint Bill Burns a appelé lundi à l'apaisement. «La première des priorités doit être de mettre fin à la violence (...) et de commencer un dialogue sérieux et soutenu entre toutes les parties», a-t-il fait valoir. Il a jugé que les derniers événements représentaient «une seconde chance (...) de créer un Etat démocratique». M.Burns, qui a quitté le Caire hier en matinée selon des sources diplomatiques, s'est entretenu avec les principaux responsables intérimaires du pays: le Premier ministre Hazem Beblawi, le président Adly Mansour et le général Abdel Fattah al-Sissi, le nouvel homme fort du pays. L'Egypte est depuis des décennies un allié-clé pour les Etats-Unis, mais cette relation connaît une passe délicate. Le mouvement Tamarrod, à l'origine des rassemblements de masse contre Mohamed Morsi fin juin, a refusé de rencontrer M.Burns, invoquant le sentiment, largement partagé parmi les manifestants anti-Morsi, que Washington avait soutenu le président déchu. Des procédures judiciaires ont en outre été ouvertes contre plusieurs hauts responsables des Frères musulmans, dont le Guide suprême, Mohamed Badie. Chargé d'assurer la mise en oeuvre de la transition politique édictée par la présidence intérimaire, le Premier ministre Hazem Beblawi s'est lui engagé à communiquer la composition de son gouvernement d'ici aujourd'hui. Il a effectué de nombreux entretiens au cours des derniers jours, et déjà distribué des portefeuilles, dont celui des Affaires étrangères à Nabil Fahmi, un ex-ambassadeur à Washington.