L'Edition en Algérie n'a jamais connu une telle effervescence. Derrière la parution de «Bouteflika, une imposture algérienne» livre-événement du directeur du quotidien Le Matin, Mohamed Benchicou et le succès qu'a engendré l'ouvrage auprès des citoyens, apparaît une nouvelle réalité qui se greffe depuis quelque temps aux moeurs politiques dans notre pays: il s'agit de l'écriture politique. En effet, au fur et à mesure qu'approche le scrutin présidentiel du 8 avril prochain, journalistes, écrivains, polémistes et même d'anciens hauts responsables affûtent leurs plumes tantôt pour exprimer leur point de vue sur la chose politique tantôt pour se positionner par rapport aux événements de l'actualité. Bien sûr, il ne s'agit dans ce cadre des «fameux» ouvrages accusant l'armée algérienne de tous les malheurs du monde mais plutôt d'essais politiques se référant le plus fréquemment à la personne de l'actuel président de la République, Abdelaziz Boueflika en l'occurrence. L'étendue de la publication des livres politiques et autres pamphlets, trouve son explication dans l'absence d'un débat franc et ouvert entre les principaux acteurs de la scène politique sur les sujets de l'heure comme elle fait suite à la fermeture des médias lourds à l'opposition et à leur tête la télévision nationale. Une situation qui a poussé les acteurs de la scène politique à ouvrir une autre brèche d'expression. Il est vrai, à cet effet, que la levée des boucliers s'est faite depuis la publication du dernier livre de l'ancien général à la retraite Bouteflika, un homme et son bilan un sévère réquisitoire contre le premier magistrat du pays, lequel a le mérite de baliser le terrain à une nouvelle tradition livresque. Nouvelle, du moment que l'édition en Algérie n'a jamais connu une telle effervescence même dans les années les plus marquantes du pays. Un bref flash-back dans le passé s'avère utile à juste titre. Ni la présidentielle de 1989 encore moins celle de 1995 et 1999 n'ont provoqué un tel bouillonnement éditorial. L'on ne peut d'ailleurs que se féliciter de trouver, à chaque fois, de nouveaux titres sur les étals des libraires. La scène nationale et le secteur de l'édition en sortent grands vainqueurs. Cela dit, même si l'Algérie accuse un sérieux retard par rapport aux pays modernes, pionniers dans le domaine, il n'en demeure pas moins que le recours à l'écriture politique demeure souhaitable et utile à plus d'un titre. L'avenir prédit des jours meilleurs pour peu que les pouvoirs publics s'alignent sur cette longueur d'onde qui contribuera grandement à la moralisation de la vie politique. Actuellement, la bataille que se livrent les plumes pro et anti-Bouteflika par pamphlets interposés, qu'il faut saluer au demeurant, ne doit pas cependant occulter l'amère réalité dans laquelle évolue l'exercice de la politique en Algérie: l'absence de débat de société.