Les huit membres du bureau politique, réunis hier au siège du parti, à Hydra, accusent Abderrahmane Belayat de prise de décision unilatérale. A l'approche de l'élection présidentielle, le FLN, en crise ouverte depuis environ trois ans, et sans secrétaire général depuis près de six mois, se déchire davantage. L'une des instances qui a réussi à garder un «minimum d'unité» est le bureau politique; tous ses membres étant désignés par l'ex-SG, ont créé une autre fissure, ces deux derniers jours. Sa division a été totalement consommée hier. Kassa Aïssi, chargé à la communication du parti, a invité à travers des SMS les membres du bureau politique à une rencontre informelle d'évaluation qui a eu lieu, hier, au siège du parti à Hydra. Parmi les 15 membres du bureau politique, huit seulement ont répondu présent. Il s'agit de Tayeb Louh, Abdelaziz Ziari, Rachid Harraoubia, Amar Tou, Leïla Eltayeb, Habiba Bahloul et Mohamed Alioui.Ces derniers ont tenu un procès en règle contre le coordinateur du bureau politique, Abderrahmane Belayat, qui a fait savoir qu'il n'était pas à Alger pour pouvoir assister à la rencontre. Il est reproché à M.Belayat la prise de décision d'une manière unilatérale, notamment en ce qui concerne la désignation du président du groupe parlementaire et des membres des instances de l'APN. «Après les consultations menées par M.Belayat avant les désignations (objet de recours), au sein du groupe parlementaire du parti (...), il était du devoir de ce dernier (Belayat, Ndlr) de réunir le bureau politique le mercredi 3 juillet, mais les désignations ont été faites d'une manière unilatérale et en dehors du bureau politique», dénonce-t-on dans le communiqué sanctionnant la rencontre. Pour les membres du bureau politique réunis hier, la décision de M.Belayat n'engage pas le parti. De ce fait, ils ne reconnaissent pas le nouveau président du groupe parlementaire, M'hamed Lebid, ni les nouveaux membres des instances de l'APN. Depuis cette désignation, le groupe parlementaire du FLN connaît une crise. Le communiqué du bureau politique incombe ce blocage à la décision unilatérale du coordinateur Abderrahmane Belayat. Il est proposée une réunion du groupe parlementaire au siège du parti, avant l'ouverture de la session de l'automne du Parlement sous l'égide du bureau politique pour débloquer la situation. Cette proposition réjouira l'ex-président du groupe parlementaire, Tahar Khaoua, et mettra dans l'embarras le nouveau président et les membres des instances de l'APN. Ces derniers se réuniront aujourd'hui, mais l'ordre du jour n'est pas encore connu. Pour revenir à la réunion des huit membres du bureau politique, il convient de souligner cette conclusion: «Le bureau politique doit consacrer toutes ses prochaines réunions à réunir les conditions en vue de tenir une session extraordinaire du comité central pour élire un nouveau secrétaire général dans les plus brefs délais.» Ce qui semble incertain dans les conditions actuelles. Les divergences sont tellement marquées qu'il est impossible pour les différentes parties en conflit de convoquer une session du comité central afin d'élire un successeur à Abdelaziz Belkhadem, destitué le 31 janvier 2013. «Dans les conditions actuelles, il est impossible d'élire un nouveau secrétaire général», admet le porte-parole du mouvement de redressement, Mohamed Seghir Kara, joint hier au téléphone. «Les gens sont incapables de se réconcilier et on est en situation de stand-by», reconnaît, pour sa part, le coordinateur du parti, Abderrahmane Belayat. Au FLN, et c'est connu, il y a plusieurs courants politiques qui coexistent mais refusent de cohabiter surtout dans une conjoncture marquée par la préparation d'une élection présidentielle. A part Abdelaziz Bouteflika qui, pour plusieurs raisons, a pu faire le consensus entre les différentes tendances, aucune autre personnalité ne peut se targuer de pouvoir réunir le FLN autour de lui. La candidature de Bouteflika à la prochaine échéance étant de plus en plus écartée, il faudrait s'attendre à des parties autrement plus serrées. La gravité de la situation sera mesurée en fonction du nombre de candidats qui seront appuyés par les différents courants du FLN.