La FAF veut donner une autre dimension à la formation des jeunes Saïd Haddouche est le nouveau DTN de la FAF. L'ancien formateur au sein de l'Union belge de football qui exerçait jusqu'en 2007 la fonction de professeur à l'Ecole fédérale belge des entraîneurs, était jusque-là consultant international. Saïd Haddouche s'est confié au site sportif Dz.Foot lors de cet entretien pour revenir sur ses idées et ses objectifs à atteindre dans sa nouvelle fonction. Dz.Foot: Quel a été votre parcours professionnel jusqu'à présent? Saïd Haddouche: J'ai été professeur à l'Union belge de football (Urbsfa) pendant plus d'une décennie. J'ai été en charge de la formation à Bruxelles. Durant la saison 2007-2008, j'ai remis ma démission étant donné que j'avais des propositions pour être consultant international. C'est cette fonction que j'occupe jusqu'à présent. Dernièrement, vous étiez en place à l'Etoile sportive du Sahel... J'étais effectivement en poste à l'Etoile sportive du Sahel où j'occupais le poste de directeur technique, c'était dans le cadre d'une formation au jeu. Il s'agissait de former l'ensemble du centre sportif au jeu. C'est un projet spécifique. L'expérience a pris fin de manière prématurée pour des raisons personnelles. Vous êtes donc le nouveau DTN de la FAF. Comment se sont déroulés les contacts? Le contact a été établi à partir du moment où j'ai été invité, en compagnie de M.Bachir Zoudji de l'Université de Valenciennes pour aider la Fédération à mettre en place le Colloque international organisé à Alger. C'est ce dont à quoi je me suis attelé. C'est durant ces contacts que le président de la FAF (Mohamed Raouraoua) m'a demandé, au vu de la conjoncture actuelle du football international, si je pouvais aider la Fédération à mettre en place un projet, tout en poursuivant dans la continuité de ce qui a été fait jusque-là. On ne fera pas de révolution, mais en compagnie de Toufik Kourichi, on poursuivra ce qui a été fait par Fodil Tikanouine et Boualem Larroum. Nous ferons en sorte également de mettre en place un processus de contacts avec l'étranger, essentiellement avec les Fédérations nationales. Quelles idées directrices sont ressorties de votre analyse de la situation avant d'entamer votre mission? Vous n'êtes pas sans savoir que le football a énormément évolué dans le monde. D'ailleurs, à ce titre, cela a longuement été évoqué à l'occasion du colloque lors duquel nous n'avions de cesse que de parler du football de demain. Toutes les fédérations et les DTN sont en quête à l'heure actuelle de ce football de construction et d'attaques placées où l'intelligence collective figure au centre de la réflexion, avec le jeu. Les temps changent, il ne s'agit plus de former seulement la technique, le mental et le physique du joueur, mais aujourd'hui on forme le collectif à jouer et évoluer ensemble. Notre projet consistera d'abord à mettre en place une DTN avec plusieurs départements. Vous comptez donc travailler aux côtés des gens déjà en place, mais l'apport de personnes extérieures est-il envisagé? Quand je débute dans ma fonction, je vais, dans un premier temps, écouter! J'entame ma mission le mois prochain. J'écoute dans un premier temps parce que je répète que je ne suis pas venu pour faire une révolution, puis j'étudie ce qui a été fait jusqu'à présent. A partir de là, on mettra en place une politique de recrutement. Je n'anticipe sur aucun sujet. Comptez-vous vous appuyer sur quelqu'un en particulier? Dans le travail que je débuterai au mois d'août, j'aurai à mes côtés Toufik Kourichi, le directeur adjoint, qui sera très important pour moi. Il possède déjà cette expérience au niveau de la DTN. Il maîtrise également la structure de formation au niveau des wilayas et des régions. Il sera d'un grand apport pour faire au mieux notre travail. Vous n'aviez aucune exigence particulière avant d'accepter le poste? Non! Je n'ai posé aucune condition particulière. Il s'agit tout de même de mon pays. Ailleurs, je l'ai fait, mais pas avec mon pays! La FAF a initié un projet de centres de formation propres à elle. Que pensez-vous de l'expérience et de l'idée en elle-même? L'idée est excellente. Le fait de vouloir mettre en place des centres de formation est en soi une très bonne décision. Toutefois, je dois d'abord écouter et analyser ce qui a été fait jusque-là. Faut-il conserver ce modèle ou y ajouter quelque chose? A l'heure actuelle, je ne peux me prononcer. Observer et écouter sera donc votre crédo dans un premier temps? Exactement. Je précise que le département de la formation restera tel quel, mais nous y ajouterons celui de la préparation physique et un autre pour la formation des gardiens de but. On fera également la formation des formateurs, qui seront dédiés spécifiquement aux centres de formation. On s'occupera également du scouting avec la mise en place de licences de scouts, mais aussi pour les managers qui seront appelés à se charger de cette fonction dans les clubs professionnels. Tout ce programme existe, il s'agit de le mettre en place. Cela passera peut-être aussi par la mise en place de partenariats avec des Fédérations étrangères, histoire de se réactualiser. Une structure comme la direction des Equipes nationales (DEN) sera-t-elle également mise en place? Oui, la DEN fait partie de nos plans. Mais encore une fois, on ne se précipitera pas tant qu'on n'aura pas fait une analyse approfondie du pourquoi des échecs de certaines sélections. Quels sont les critères qui permettent de juger si un pays est en bonne santé, sportivement parlant? C'est quand le pays exerce une vraie politique sportive. Quand il existe des espaces pour la pratique du sport. Par exemple, quand un programme pour le sport scolaire est mis en place, c'est un élément très important. Tout aussi important, le football de rue et de quartier, c'est la base du football d'élite. C'est la richesse en nombre et en qualité en bas qui permettra de faire de la détection et de la sélection pour amener des joueurs vers des centres de formation professionnels. La FAF va essayer de faire un travail dans ce domaine, mais c'est évidemment un plan B, le plan A, c'est les espaces pour que les enfants fassent du sport dans la rue. Mais pas seulement, dans les écoles, les lycées et les universités. C'est ça le sport. Tant que ça ne sera pas en place, il n'y aura pas d'évolution. Des centres de formation au niveau de la FAF, c'est positif, mais si les clubs professionnels s'y mettent également, c'est évidemment mieux. Est-ce que cela devra passer par la contrainte? Les contraintes sont imposées par les institutions! C'est aux Confédérations comme la CAF de l'imposer par des cahiers des charges! Un club professionnel doit avoir par essence l'obligation de former. C'est pourquoi la Fédération a décidé de s'orienter vers la formation des formateurs qui seront destinés à occuper la fonction dans les clubs professionnels. Si par exemple, d'ici à deux ans, des centres de formation naîtront, on aura anticipé en ayant formé des entraîneurs qui seraient prêts et disposés à prendre leur fonction! Auriez-vous un dernier mot à ajouter? Je suis fier et très honoré par la proposition qui m'a été faite et que j'ai acceptée, car il s'agit de mon pays. J'ai travaillé au Maroc et en Tunisie et je le fais à présent avec mon pays, plein de bonne volonté tout en essayant de m'investir avec tout le coeur, la foi et la force que je peux avoir. Si je peux aider mon pays, ne serait-ce que par la mise en place d'une DTN, je le ferai! On vous souhaite toute la réussite pour votre projet. On souhaite cette réussite pour notre football et notre pays. La réussite personnelle n'a pas d'importance pour moi, si on peut rendre heureux ce peuple passionné, ça sera une récompense. Notre crédo c'est de former! Former des jeunes, mais aussi des cadres techniques, qui prendront la relève et seront en charge du football algérien. La DTN doit être au service des jeunes et des cadres.