On n'en finit pas de compter les anomalies dans le secteur des infrastructures sportives. Il y a à peine quelques jours, le stade OPOW de Chlef a rouvert ses portes au grand soulagement de la population sportive, notamment celle des inconditionnels de l'équipe locale de football de l'ASO qui étaient contraints d'aller suivre les matches de celle-ci dans le petit stade Mâamar-Sahli, dans des conditions souvent pénibles. Un acquis pour le mouvement sportif national qui se languissait de voir ce stade dont la construction remonte à la fin des années 70, et qui avait été fermé en 1980 à la suite du séisme qui avait touché la ville et sa région puis rouvert sur une courte période jusque vers le milieu des années 90 avant d'être fermé de nouveau pour un bon bout de temps pour travaux d'aménagement et de restauration. On en a aussi profité pour doter le terrain d'une nouvelle pelouse. La ville de Chlef ayant, déjà, deux autres stades dont les terrains sont en gazon artificiel, il paraissait normal que les responsables de la ville optent, enfin, pour une pelouse en gazon naturel pour le stade de l'OPOW. Mais le normal existe-t-il en Algérie? C'est faire preuve d'une extrême naïveté que d'y croire. C'est ainsi que la pelouse qui nous intéresse a été engazonnée d'une matière synthétique. Les superlatifs n'ont pas manqué de pleuvoir indiquant qu'il s'agissait d'un gazon artificiel de la 4e génération. Ah la belle blague ! Qu'importe, en effet, qu'il s'agisse d'un gazon de 4e ou même de 20e génération alors que les possibilités de pose d'une herbe naturelle existaient! La puissante Fédération internationale de football (FIFA) n'a rien contre les nouvelles générations de gazon artificiel mais elle indique que, dans tous les cas, il est préférable d'opter pour le naturel. Les plus grands techniciens de la planète et les entraîneurs algériens n'ont de cesse d'affirmer que les footballeurs ne peuvent progresser qu'en évoluant sur de l'herbe naturelle. C'est comme pour le lait, l'artificiel ne remplacera jamais celui de la maman. Il s'est, malheureusement, trouvé des gens à Chlef qui ont pensé qu'il fallait mieux investir dans de l'artificiel alors que la ville avait, déjà, deux terrains recouverts d'une surface de cette nature. Ce qu'il y a de regrettable dans cette affaire c'est qu'il était entendu que le terrain du stade de l'OPOW serait ensemencé d'herbe naturelle. Au départ, lorsque le projet de réaménagement de l'enceinte sportive avait été lancé, il avait été question de gazon artificiel. Il se trouve qu'au cours d'une visite d'inspection de M.Aboubakr Benbouzid, alors ministre de la Jeunesse et des Sports, on a dû revoir sa copie et se tourner vers la matière naturelle. Le ministre s'étant largement informé auprès d'experts avait vu juste et sommé les responsables de la ville de Chlef de suivre ses instructions. Or, dès que Benbouzid a quitté le secteur des sports, on est immédiatement revenu à l'option du synthétique. A quoi obéit un tel revirement? Nul ne le sait. Toujours est-il que l'on a procédé à la pose d'un gazon artificiel enlevant au stade son statut olympique puisque ne l'est que le stade où l'on peut pratiquer toutes les épreuves de l'athlétisme. Avec cette nouvelle pelouse, il est impossible de disputer des épreuves de concours, notamment de lancers (marteau, javelot, disque, poids). Merci pour les athlètes. Mais il n'y a pas que cela puisque l'on apprend que la piste de course ne compte que 6 couloirs au lieu des 8 que devrait comprendre tout stade olympique. Un véritable gâchis et l'on sait dès maintenant que la Fédération algérienne d'athlétisme ne pourra jamais dans ce cas organiser un championnat d'Algérie ou un meeting dans cette ville, justement berceau de la discipline. Cette histoire n'est pas sans nous rappeler celle du vélodrome que l'on se proposait de construire, à Alger, à l'occasion des jeux sportifs Arabes que notre pays va abriter dans le courant du mois d'octobre prochain. C'est, encore une fois, M.Benbouzid qui avait mis le holà estimant que le mouvement sportif national n'avait vraiment pas besoin d'une telle infrastructure puisque le cyclisme sur piste en Algérie n'existe pratiquement pas. Même les pays arabes n'auraient pas été sûrs de participer à de telles épreuves vu le peu d'engouement qu'elles suscitent chez eux. Une fois Benbouzid parti et mettant à profit le fait du report d'une année des jeux en question, on a remis sur le tapis le projet du vélodrome. Au nom de quel intérêt ? Allez le savoir. Il semblerait, aux dernières nouvelles, qu'il ait été, de nouveau, remisé au placard, mais cela reste à vérifier. Mais une chose qui demande à être vérifiée c'est bien le stade de Bouira dont les travaux durent depuis une dizaine d'années et qui, à ce jour, n'a pas été inauguré. Au passage il y a eu deux incidents qui ont vu la toiture des tribunes être arrachée par le vent, le second ayant malheureusement, provoqué la mort d'un passant. Plus de dix ans pour un simple stade de football, les experts en construction devraient se pencher sur le phénomène et revoir leurs connaissances en la matière. Et puis il y a le cas du stade Zioui d'Hussein Dey dont le terrain a été recouvert d'un gazon artificiel il n'y a pas 4 ans. Aujourd'hui, il est fait état d'une pelouse des plus défectueuses, dangereuse pour la santé des joueurs et l'on se met à regretter l'argent qui y a été investi. Remarquez, dans le milieu du sport algérien, on n'en est pas à une anomalie près et avec un vélodrome, un chantier de plus de dix ans ou une pelouse défectueuse de plus ou de moins, on ne changera pas, un iota les vieilles habitudes qui consistent à constater et seulement cela, même si l'argent utilisé est celui puisé dans le Trésor public donc l'argent du contribuable.