Découvert par le public du monde entier grâce au succès de leur single Premier Gaou, en 2002, ce groupe de musique ivoirien n'a cessé de gagner le coeur des fans en se maintenant, depuis dix ans, en haut de l'affiche grâce à des titres percutants et entraînants qui respirent la joie de vivre. De nouveau parmi nous à Alger, Magic System s'est produit lundi dernier au nouveau chapiteau du Hilton dans une ambiance survoltée, faisant mouiller la chemise à son public. Seul bémol, le groupe s'est produit tard en donnant à écouter un peu plus d'une heure de chant, or le public en redemandait d'avantage. Mais ne disons pas que la qualité prime sur la quantité? Rencontre avec le leader du groupe. Un homme à la voix belle, mais aussi la tête bien pleine... et c'est ça qui fait la particularité de ce groupe hypergénéreux... L'Expression: A'salfo ça fait quoi de revenir se produire à nouveau à Alger. Un an après, je crois? A'salfo: Ça fait plaisir de revenir à Alger et ça consolide les rapports qu'il y a entre le public algérois et Magic System. Il y a un parfait amour qui est né. Venir annuellement, c'est peut-être qu'on a rendez-vous ensemble. Chaque fois ça se passe bien. C'était la folie tout à l'heure. Voua avez été nommé, cette année, pour deux ans ambassadeur de bonne volonté auprès de l'Unesco. Une belle et noble distinction, mais aussi une responsabilité... Concernant ma nomination en tant qu'ambassadeur de bonne volonté auprès de l'Unesco je crois que c'est le couronnement de tout ce que nous avons eu à faire en dehors de notre activité principale qui est la musique, c'est-à-dire toutes les actions sociales que nous avons eu à mener dans l'éducation et la santé en Afrique. C'est ça qui nous a valu cette nomination d'ambassadeur de bonne volonté pour continuer dans cette lancée et pour préserver les valeurs de l'Unesco, prêcher la parole de tout ce qui pourrait être bien pour l'éducation et pour l'alphabétisation Justement, qu'avez- vous entrepris dans ce sens-là? A notre humble niveau, nous avons réussi à construire deux écoles, une école maternelle et une école primaire dans un quartier d'Abidjan, car nous sommes issus de quartiers pauvres, ce qui fait qu'aujourd'hui tous les bénéfices qu'on peut avoir, on essaye de les mettre à la disposition de ce peuple qui en a besoin et on essaye chaque année, à travers le festival que nous avons installé, de mener des actions sociales en construisant des écoles, en réhabilitant des pouponnières et des orphelinats. C'est ça notre but parce qu'on est enfant du pauvre et on regarde dans le rétroviseur. Vous êtes enfant de pauvres et en général, les enfants pauvres immigrent pour trouver du travail ailleurs. Votre chanson Mamadou, nouveau titre extrait de votre prochain album traite justement de ce sujet et de la carte de séjour, notamment, mais avec humour et dérision.. Oui, exactement. Il faut dépeindre les failles de la société avec humour, c'est ça la philosophie du Zouglou, même dans Le premier Gaou c'était un fait de société qu'on a mis à l'honneur pour que le message passe mieux. C'est ça l'art, de pouvoir dire les choses sans vexer. Mamadaou essaie de raconter les difficultés qu'ont les gens pour avoir les papiers en France, pour dire qu'on compatit avec ces personnes-là. Je vous ai vu cette année au Burkina Faso dans le cadre du Fespaco. Ça fait quoi de se produire dans le cadre d'un Festival de cinéma? Oui, eh bien, c'est ça la culture avec un grand C. La musique ça touche aussi la culture et je suis content qu'un grand festival comme le Fespaco ait rajouté une branche musicale à ses activités. C'était un honneur pour nous de jouer au stade devant le président de la République pour la cérémonie de clôture du Fespaco. Et je crois que tout ça fait partie de l'évolution de l'Afrique et nous le serons tous, les pays émergents dans quelques années si nos mentalités évoluent avec nos actions. Magic System continue dans sa lancée et confirme sa présence sur la scène artistique. Quel est le secret de votre longévité? Vous savez, avoir le succès, c'est tout de suite un fait immédiat, c'est de pouvoir se maintenir pendant dix ans qui est un peu difficile surtout dans le showbis français où chaque année, il y a des nouveautés et de nouvelles tendances. Il fallait résister à cette vague de nouveautés jusqu'à maintenant, je crois qu'on doit surtout se féliciter, mais pas dormir sur nos lauriers. On doit travailler pour que dans 20 ans vous nous posez encore la question: «c'est quoi votre secret?»