Il aura fallu de la magie africaine pour venir à bout du «mur d'Aurélien» qui entourait la scène du nouveau théâtre de Timgad. En effet, c'est au cours de la troisième soirée du festival que les Ivoiriens de «Magic system» sont parvenus à toucher, avec leur «Zouglou», le public venu nombreux pour l'occasion. Ce dernier boudait jusqu'alors les festivités annuelles organisées dans la ville antique, impassible et imperméable à toute tentative de percée des artistes Gladiateurs. Ouvrant les hostilités avec des rythmes endiablés, les Abidjanais ont fait alors «bouger, bouger» les gradins avec le titre éponyme, devenu un de leurs classiques et ont embrasé l'atmosphère. «C'est chaud, ça brûle», au point où même la pluie menaçante n'est pas parvenue à refroidir les ardeurs du public. La soirée s'est poursuivie avec des titres incontournables comme Un Gaou à Oran, la danse des magiciens, et le dernier tube réalisé avec Cheb Khaled Même pas fatigué. Le mythique groupe de raï algérien, les infatigables Raïna Raï, ont assuré la suite du spectacle, et ont éclaboussé de leur immense talent un public demandeur. Ainsi, l'ancien batteur-chanteur Hachemi Djellouli, le chanteur Kadda Zina, le premier bassiste de Raïna Raï, Miguel Yamba, pour ne citer que ceux-là, ont revisité les standards du groupe, sans jamais perdre de leur authenticité. Lors de la quatrième soirée, le digne héritier de feu le roi de l'afro-beat, Fela Anikulapo Kuti, son dernier fils Seun, s'est montré au-delà de toute attente. Saxophoniste et vocaliste hors pair, il a été aussi pour l'occasion alchimiste, transformant les cuivres de son instrument en «or» pur. Sa gestuelle, anarchique et aléatoire, suggère la réincarnation du père dans ce corps en transe. S'inscrivant dans le même courant révolutionnaire que son père, Seun dira sur scène «Plant and let it grow, it's my philosophy» (Semez et laissez pousser, Ndlr).