L'Algérie entre dans une ère inédite faite d'incertitudes sur l'avenir d'un de ses principaux partis politiques. En effet, au lendemain du verdict rendu par le Conseil d'Etat invalidant le 8e congrès du FLN, les prises de bec, par déclarations interposées, entre le ministre de l'Intérieur et le premier responsable du FLN n'ont pas tardé à faire jour. Cet état de fait présage un climat politique chargé d'électricité, avec le risque de voir la force publique faire une intrusion dans la sphère politique pour appliquer une décision de justice que Benflis trouve injuste. D'ailleurs, la lettre qu'il a adressée aux militants de son parti atteste de sa volonté de ne pas se laisser faire et de poursuivre la lutte pour la récupération du FLN. D'un autre côté, les «redresseurs», aidés par Zerhouni, ne cachent pas leur ambition de récupérer le sigle, même s'il fallait pour ce faire, user de moyens, à des milliers d'années-lumière d'une saine pratique politique. Ce bras de fer, qui s'annonce des plus rudes et qui va sans doute laisser des traces indélébiles au plus vieux parti algérien, intervient à quelques semaines d'un rendez-vous politique majeur pour l'avenir de la nation. La proximité de la présidentielle n'est pas de nature à calmer les esprits bien au contraire. Aussi, allons-nous vers une campagne électorale où l'essentiel de l'enjeu ne sera pas tant l'avenir des 30 millions d'Algériens, mais celui d'une formation politique que d'aucuns qualifient, à tort ou à raison, de «fabrique de présidents». Et pour cause, dans la bataille qui oppose Bouteflika à Benflis pour la magistrature suprême, tous les observateurs de la scène nationale ont les yeux rivés sur le FLN. Le verdict du Conseil d'Etat ouvre un nouveau front dans la «guerre» que se livrent les deux hommes. Un front qui risque de conduire à une situation que personne ne peut contrôler, à moins que les deux tendances au sein de l'ex-parti unique ne se donne la date du 8 avril comme échéance finale du conflit. Cette hypothèse est très vraisemblable, pour la simple raison que le malaise que vit le FLN a justement pour origine le prochain rendez-vous électoral. D'ici à ce que le peuple tranche pour l'un ou l'autre des candidats en lice, il faut croiser les doigts et espérer qu'aucune des deux ailes du FLN ne commette l'irréparable. En définitive, c'est la société qui va avoir le dernier mot dans la crise qui secoue le FLN. Quant aux militants, ils seront bien obligés de se conformer à la volonté du peuple.