Le procès est engagé dans un labyrinthe qui ouvre la voie à toutes les éventualités. Le dossier du FLN connaîtra aujourd'hui un nouveau report avant le verdict final. En effet, la chambre administrative de la cour d'Alger notera que la direction légaliste a répondu aux accusations retenues contre elle et invitera la partie adverse, les animateurs du mouvement de redressement, à prendre connaissance de ses réponses. «Nous avons préparé un dossier complet qui répond à tous les griefs qui sont retenus contre nous par nos adversaires», a indiqué Abdelkader Sallat, membre du bureau politique joint hier par téléphone. «Je dois signaler en outre qu'on n'a pas eu le temps nécessaire pour rassembler toutes les pièces dans les 48 wilayas du pays, puisqu'on nous a notifié les documents du ministère de l'Intérieur 72 heures avant la tenue de l'audience.» Ce dernier report varie, selon les juristes et selon la normale des choses, d'une semaine à quelques mois. Il est pratiquement impossible de spéculer sur l'issue de ce conflit engagé dans le labyrinthe judiciaire tant les éventualités sont nombreuses. S'il est clair que la direction légaliste du parti fera un recours devant le Conseil d'Etat en cas de verdict en sa défaveur, il n'est pas évident que le procès poursuive son cours normal. «Si la justice invalide le 8e congrès, cette décision ne va pas déteindre sur l'activité du parti», a rassuré M.Sallat, précisant que «l'invalidation du congrès va nous replacer dans la situation d'avant-mars où il y avait un bureau politique qui est le même actuellement, un comité central presque le même, mais surtout le même secrétaire général du parti, en l'occurrence Ali Benflis», et d'ajouter: «Nous revenons donc à la même composante avec la même structure.» Mais le fait saillant qui sera retenu dans ce cas de figure sera l'attitude du Conseil d'Etat qui, rappelons-le, avait annulé la décision d'interdiction de la tenue d'un congrès extraordinaire. «Le Conseil d'Etat a clairement stipulé dans son verdict que la justice ne peut pas trancher le contentieux résultant des conflits internes relatifs aux partis politiques», a encore indiqué Abdelkader Sallat avant de s'interroger: «On sera devant une contradiction inédite dans l'histoire de la justice algérienne, le conseil peut-il se contredire?» En attendant, M.Sallat n'a pas caché son appréhension, «sachant que les pressions sur la justice sont maintenant monnaie courante». La crainte du membre du bureau politique est surtout justifiée par la dernière sortie de Hadjar: «C'est un élément supplémentaire d'inquiétude quant à l'issue du procès. Il y a quelques semaines, il soutenait que c'est une affaire politique et, subitement, il affiche une sérénité en affirmant qu'il a confiance en la justice algérienne». Dans un entretien qu'il a accordé à L'Expression, il y a quelques jours, Abdelkader Hadjar a été catégorique en déclarant que le congrès que s'apprête à organiser le mouvement de redressement ne se tiendra pas avant que le verdict ne soit rendu par la justice à propos de l'invalidation ou non du 8e congrès. M.Daâdoua, membre du comité de redressement, contacté hier, a réitéré le fait que les plaintes ont été déposées à titre individuel par des militants mécontents, et de ce fait «l'issue du procès n'a rien à voir de près ou de loin avec la tenue du congrès rassembleur qui interviendra avant la fin du mois de décembre». Cette affirmation, en discordance avec M.Hadjar, mais qui rejoint les propos tenus par le coordinateur M.Belkhadem, laisse-t-elle entendre qu'il y a réellement une dissension au sein des redresseurs ou est-ce juste un ballon sonde pour brouiller les pistes?