La presse tunisienne a accusé hier la classe politique dans son ensemble d'être responsable de la crise déclenchée en Tunisie par l'assassinat de l'opposant Mohamed Brahmi. «Chacun a des intérêts politiques ou personnels alors que la situation actuelle indique que le pays s'est dirigé d'une façon étonnante vers le terrorisme après l'assassinat de Mohamed Brahmi», estimait le journal arabophone Assabah Alousbouï. Depuis la mort de M. Brahmi le 25 juillet et l'embuscade sanglante qui a coûté la vie à huit soldats tunisiens quelques jours plus tard, les forces tunisiennes, longtemps accusées de laxisme, multiplient les opérations «antiterroristes». Outre l'opération de l'armée lancée dans la région de cette embuscade, près de la frontière algérienne, la police a affirmé être intervenue à plusieurs reprises depuis vendredi à Sousse (centre-est), dans la banlieue sud de Tunis et à la frontière libyenne. «Il est certain que les gouvernements post-révolution et les élites politiques au pouvoir et dans l'opposition portent la responsabilité de cette situation» en Tunisie, souligne Assabah Alousbouï. «Sous d'autres cieux, un tel évènement aurait soudé la nation pour affronter le péril comme un seul homme», note l'hebdomadaire Tunis-Hebdo. «Hélas, ce n'est pas le cas en Tunisie. Notre élite politique qui a réussi le tour de force fantastique de scinder le peuple, n'a qu'un seul objectif: accaparer le pouvoir», ajoute-t-il. «L'heure est désormais à la recherche sérieuse d'une voie de sortie de crise (...) dans une logique de ni vainqueur, ni vaincu», écrit de son côté La Presse. Selon ce quotidien, «les deux principaux protagonistes impliqués dans la crise actuelle, à savoir les légitimistes et ceux qui prônent la dissolution de l'Assemblée nationale constituante et la démission du gouvernement, sont plus que jamais condamnés à dialoguer (...)». «L'étape des démonstrations de force et des occupations de la rue par les uns et les autres (...) ont démontré que la crise ne peut être réglée en dehors de la table des négociations, sans a priori, ni volonté de tirer profit de la situation», estime La Presse. Depuis plus d'une semaine en effet, les partisans et détracteurs du gouvernement appellent à descendre chaque nuit dans la rue, après la rupture du jeûne du ramadan. La Tunisie est plongée dans une profonde crise politique depuis l'assassinat attribué à la mouvance jihadiste du député Mohamed Brahmi, le deuxième du genre après celui de l'opposant Chokri Belaïd le 6 février qui avait entraîné la chute d'un premier gouvernement dirigé par le parti islamiste Ennahda. Par ailleurs, les deux soldats tunisiens tués lors des opérations militaires pour neutraliser un groupe armé au Mont Chaambi, à la frontière algérienne, devaient être enterrés hier, a annoncé le gouvernement dans un communiqué.