La réunion de la commission politique de surveillance de l'élection présidentielle, qui a eu lieu dimanche jusqu'à une heure avancée de la nuit, a été une belle occasion pour les représentants des candidats d'arracher un nombre considérable de victoires à inscrire au registre des petites avancées démocratiques de notre pays. C'est ainsi que des sources proches de cette institution, que nous avons rencontrées hier, nous ont indiqué que «désormais, après d'âpres débats avec les quelques représentants de 20 partis acquis à Bouteflika, il a été décidé que ce sont les candidats ou leurs proches collaborateurs qui choisiront les deux minutes quotidiennes extraites des meetings afin de passer aux journaux télévisés successifs». Une victoire quasi inespérée que des observateurs qualifient de «véritable révolution introduite dans les moeurs éculées de l'Unique». Tout le monde sait, comme le rappellent d'ailleurs les multiples communiqués de dénonciation, de quelle manière la télévision se permet de manipuler régulièrement les activités politiques de l'ensemble des adversaires de Bouteflika. Nos sources, qui disent avoir fait face à une résistance farouche, noyées qu'elles étaient par le nombre des partis soutenant Bouteflika, ajoutent que «la victoire a quand même fini par être de notre côté puisque nous avions des arguments solides à faire valoir, ce qui n'était pas le cas de l'autre côté». S'agissant encore de la couverture médiatique de la télévision, il a été très dur d'éviter que l'Unique accorde le même temps d'antenne à l'ensemble des partis qui soutiennent un même candidat. Si la proposition avait été retenue, il ne fait aucun doute que Bouteflika, après avoir accaparé la télévision pendant de nombreux mois, aura encore droit à trois quarts d'heure de couverture quotidienne grâce à tous les petits partis et autres organisations et associations qui le soutiennent. Dans le même temps, les débats ont porté sur les temps et ordres de passage des candidats lors de leur passage à l'antenne. Ainsi, les séances de 7 heures du matin et 23 heures de la nuit ont-elles été supprimées. Il n'est resté que les demi-heures qui précèderont les journaux télévisés de 13, 18 et 20 heures. Les deux horaires précédents ont été maintenus concernant la radio, puisque les membres de la commission de surveillance du scrutin ont estimé que «beaucoup de citoyens écoutent la radio à ces moments, contrairement à la télévision». Il est à souligner que les partisans de ces avancées démocratiques sont les représentants de Louisa Hanoune, Ali Benflis, Abdallah Djaballah, Fawzi Rebaïne et Saïd Sadi. Sur le plan de la rémunération, les mêmes «indemnités», qui avaient cours en 1999, ont été proposées aux membres, mais il y a fort à parier que «certains» reviennent à la charge sous prétexte que le dinar a connu une importante dévaluation depuis la dernière présidentielle, alors que la véritable raison est qu'il y a des formations politiques qui ne vivent, ou ne vivotent que dans l'attente de la mise en place de ces commissions. Les partis qui ne sont pas représentés au sein de cette commission, tels que le FFS, ou même le mouvement Wafa, n'ont eu personne pour les défendre, et donc amener l'Unique à couvrir leurs prochaines activités politiques. En effet, les formations politiques de Taleb et Aït-Ahmed, chacun dans la défense de la position qui est la sienne, ont promis qu'ils seront au coeur de la prochaine campagne électorale. A ce titre, beaucoup d'observateurs et d'acteurs politiques qualifient ces «concessions» de bouchées de pain face au coup de force électoral qui a été atteint à la suite du scandale qui a secoué le Conseil constitutionnel à propos de l'élimination «politique» et «controversée» du candidat Ahmed Taleb Ibrahimi.