Ibrahim Boubacar Keïta, 68 ans, nouveau président du Mali, est un cacique de la vie politique malienne, à la réputation d'homme à poigne se réclamant de la gauche. Ibrahim Boubacar Keïta, dit IBK, est resté très discret au moment du coup d'Etat du 22 mars 2012 qui a renversé le président Amadou Toumani Touré et précipité la chute du nord du Mali aux mains de rebelles touareg et de groupes jihadistes, contrairement à Soumaïla Cissé qui avait fermement condamné ce putsch. Durant sa campagne pour la présidentielle, IBK avait affirmé que son objectif prioritaire était la « réconciliation » d'un Mali profondément divisé et il a été le premier des candidats à se rendre à Kidal, chef-lieu de région à plus de 1.500 km au nord-est de Bamako. Cette ville du désert est considérée par des Touareg comme leur berceau et elle a été le théâtre de violences entre communautés ethniques. « Je ramènerai la paix et la sécurité. Je renouerai le dialogue entre tous les fils de notre Nation », a-t-il martelé dans ses rassemblements électoraux, qu'il commençait en récitant des versets du Coran. Cela lui vaut un autre surnom, « Ladji » (pour El Hadj, titre de ceux qui ont accompli le pèlerinage à La Mecque). Mais certains de ses adversaires, qui font état de consignes de vote en sa faveur données par des organisations islamiques de ce pays musulman à plus de 90%, en sourient. Ils rappellent qu'il a mené « la belle vie » dans le passé, lorsqu'il était étudiant en France. Dans un entretien vendredi à la Radio télévision suisse romande (RTS) il a déclaré que quand « on veut le bonheur des Maliens, il faut soi-même être inprégné du bonheur et croquer la vie à pleines dents ».