«Des caves de sa cité... aux grottes d'Afghanistan.» Extrait de la bande annonce Alors que l'islamophobie prend des proportions inquiétantes en France, un film français dont la sortie est programmée le 11 septembre 2013 (coïncidant avec la date des attentats de New York), risque, encore une fois, de relancer l'amalgame entre l'Islam et le terrorisme. Le film est réalisé par François Gérard, un Français d'origine algérienne et s'intitule Voyage sans retour. Dans la même lignée que le film La Désintégration, réalisé par Philippe Faucon, qui n'a pas eu de succès critique et commercial, Voyage sans retour retrace sans le dire, le parcours troublant de Mohamed Merah, auteur présumé des attentats de Toulouse. Selon le synopsis retrouvé sur le site du film, Voyage sans retour raconte l'histoire de Kad, jeune caïd d'une banlieue toulousaine qui a arnaqué une bande de trafiquants de drogue et est obligé de se mettre au vert. Des amis l'envoient à l'étranger dans une association à but humanitaire. Mais l'association se révèle un réseau de recrutement terroriste. Kad, sans repères, est transporté de Londres à Bombay, du Pakistan en Afghanistan où il sera formé dans les camps djihadistes. De retour à Bombay, il y croise Nadine, professeur de français à l'Alliance française qui lui ouvrira son âme et son coeur. Kad prend alors conscience de la vacuité de sa vie, de ses choix hasardeux et de l'impasse dans laquelle il s'est mis. C'est alors que ses nouveaux amis le renvoient en France y commettre un attentat. Autrement dit, l'histoire de ce film est pompé directement de la vie et du parcours de Mohamed Merah, avec les attentats contre les juifs en moins. Un site proche de la gauche et d'Alain Soral, grand défenseur de la thèse de la manipulation des attentats du 11 septembre, dénonce cette production et la présente comme une nouvelle propagande du gouvernement Hollande et de son ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, pour tenter de noircir l'image des musulmans et de l'Islam en France. Le site Egalité et réconciliation doute de la genèse de cette production cinématographique et affirme que l'auteur François Gérard, âgé seulement de 37 ans, cumule les postes d'acteur principal, scénariste et producteur alors que sa société Oreo, chargée de la production ainsi que de la distribution du film créée par l'intéressé en 2006, aurait été radiée en 2009. Il pose également la question sur son parcours cinématographique qui, à 37 ans, aurait déjà réalisé trois films, alors qu'aucun site spécialisé en cinéma ne connaît ce nouveau maître de la propagande cinématographique. Dans un entretien accordé au site Arté Média, François Gérard se défend et affirme que son film, imaginé «il y a dix ans», ne s'inspire pas de l'affaire Merah: le tournage a bien eu lieu avant mars 2012, même s'il reconnaît que le choix du personnage, originaire d'une cité de Toulouse, peut être vu comme «hasardeux» ou «prémonitoire». Dans ce film, plusieurs acteurs français d'origine algérienne participent au casting. A l'image de Samy Naceri qui, replongé dans le cinéma après plus de 4 ans de démêlés avec la drogue et la justice, curieusement, interprète le rôle d'un policier! D'autres comédiens maghrébins participent à cette «douteuse» production: Athman Khelif, mais surtout Saïd Amadis qui campe toujours le rôle de chef terroriste. Pour certains, Voyage sans retour est une oeuvre opportuniste qui fait le lit des architectes d'une prétendue «guerre contre le terrorisme» lancée, précisément, le 11 septembre 2001. [email protected]