Un compromis a été signé par trois candidats pour une surveillance solidaire du déroulement des élections. C'est de Paris que le président du Rassemb-lement pour la culture et la démocratie a entamé sa campagne électorale pour expliquer son programme électoral dans la perspective de la présidentielle du 8 avril prochain. Ce choix de la France à forte concentration émigrée s'explique par le fait que lors de la présidentielle de 1995, Saïd Sadi y avait recueilli plus de 117.000 voix. C'est dire tout l'intérêt que peut représenter un vote massif de la communauté algérienne à l'étranger qui épouse les idées démocratiques prônées par le président du RCD. En dépit des dérives de la campagne présidentielle, ainsi que les obstacles dressés contre certains candidats et dénoncés mercredi lors d'une conférence-débat à Bruxelles par Hend Sadi et Rafik Hassani, respectivement président du RCD-France, et secrétaire national à l'émigration, le Docteur Saïd Sadi a néanmoins affirmé jeudi à Paris, où il a animé une rencontre avec la presse au centre d'accueil de la presse étrangère que le «sort de l'élection présidentielle n'est pas encore scellé». Une affirmation justifiée selon le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie par le fait qu'il est possible de contrôler les vrais résultats des élections du fait que la loi électorale permet désormais de récupérer les procès-verbaux des bureaux de vote. «Le sort de la prochaine élection présidentielle n'est pas scellé parce qu'il est possible de contrôler ses résultats», a affirmé M.Saïd Sadi dans son intervention. Par cette déclaration le candidat à la présidentielle du 8 avril prochain veut croire d'une part en ses chances et à la crédibilité du scrutin, d'autre part, d'autant que l'institution militaire a réaffirmé par la voix du général-major, Mohamed Lamari, la neutralité de l'armée, qu'elle ne soutient aucun candidat et que Bouteflika n'est pas le candidat de l'armée. Dans son intervention, Saïd Sadi a laissé entendre qu'il prenait pour argent comptant les affirmations de Lamari. D'ailleurs et afin d'éviter tout risque de fraude, l'ancien militant des droits de l'homme a fait état «d'un compromis signé par trois candidats». Ce contrat moral, signé par, outre, Saïd Sadi et Ali Benflis, secrétaire général du FLN, tous deux membres du groupe anti-fraude, et Abdallah Djaballah, président du Mouvement pour la réforme nationale (MRN), consiste en une «surveillance solidaire» du déroulement du scrutin présidentiel. Pour le président du RCD, ce contrôle est consolidé par «la neutralité de l'armée» jugée «sincère» et «résultant des luttes démocratiques du pays». D'ailleurs, Saïd Sadi a lié cette neutralité de l'institution militaire «au processus de professionnalisation de l'armée algérienne qui a ainsi développé d'autres centres d'intérêt», a-t-il dit avant de souligner que «la nouvelle loi a annulé tous les votes habituellement opérés dans les casernes». Cependant, cette euphorie n'est pas partagée par certains dirigeants du parti à l'instar de Hend Sadi et Rafik Hassani qui ont dénoncé de Bruxelles les obstacles dressés contre certains candidats avant d'avertir que si la neutralité de l'armée est de nature à rendre ces élections crédibles «elle doit aussi être accompagnée de la neutralité de l'administration». Interpellé sur les dernières émeutes ayant secoué plusieurs wilayas du pays, le premier responsable du RCD a précisé que «c'est leur manière d'exprimer leur ras-le-bol» et d'affirmer qu'aucune manipulation n'est derrière ces révoltes populaires.