L'armée syrienne a chassé les rebelles de la région du nord-ouest du pays, tandis que l'ONU a commencé son enquête sur une éventuelle utilisation d'armes chimiques. «L'armée contrôle à nouveau depuis hier la montagne de Nabi Achia et des régions alentour dans le nord de la province de Lattaquié», a annoncé une source militaire à l'agence officielle Sana. L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (Osdh, basé en Grande Bretagne) a également confirmé que l'armée était parvenue à reprendre toutes les positions militaires et les neuf villages alaouites dont les rebelles s'étaient emparés il y a deux semaines. Les insurgés avaient lancé début août la «bataille de la libération de la côte», en particulier dans la région de Lattaquié, fief des alaouites, une communauté à laquelle appartiennent la plupart des cadres du régime. Les rebelles avaient réussi à prendre par surprise l'armée syrienne et une source de sécurité avait même évoqué une trahison parmi les sentinelles chargées de surveiller leurs mouvements. Les villages pris étaient situés près de Qordaha, berceau de la famille Assad et qui abrite le mausolée du président défunt Hafez al-Assad, père de Bachar. Fier de ce succès, Sélim Idriss, le chef d'état-major de l'Armée syrienne libre (ASL, rebelles), s'était même rendu dans une localité de la province le 11 août. Mais, pour Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Osdh, «c'était impossible que le régime les laisse avancer dans cette région. Il y aurait eu des milliers de morts avant qu'ils n'atteignent Qordaha». Une source de sécurité syrienne a affirmé qu'il ne restait au régime qu'à reprendre la région stratégique de Salma, frontalière de la Turquie, aux mains des rebelles depuis fin 2012. Selon l'Osdh, les insurgés ont abattu dimanche un avion militaire dans cette région. Depuis plusieurs mois, les lignes de front en Syrie se sont stabilisées, même si les protagonistes essaient d'avancer ici ou là. Le régime contrôle le centre, dont la capitale Damas, et l'ouest, avec les villes côtières de Lattaquié et de Tartous. Les importantes agglomérations, à l'exception de Raqqa (nord-est), sont aux mains du régime alors qu'Alep (nord) et Deir Ezzor (est) sont coupées en deux. Le sud reste disputé entre rebelles et forces du régime. Le nord et l'est sont aux mains des insurgés, des jihadistes ainsi que des combattants kurdes. Ces deux derniers ont récemment engagé de violents combats qui ont poussé depuis jeudi 15.000 Syriens, en majorité des Kurdes, à fuir vers l'Irak. Par ailleurs, les experts de l'ONU, arrivés dimanche à Damas pour tenter de déterminer si des armes chimiques ont été utilisées dans le conflit, ont commencé lundi leur travail dans le plus grand secret. La dizaine d'inspecteurs de l'ONU étaient arrivés près d'un mois après une première visite de deux envoyés spéciaux onusiens, Aake Sellström et Angela Kane. Les experts devraient en principe se rendre à Khan al-Assal, près d'Alep (nord), où le régime affirme que les rebelles ont fait usage d'armes chimiques le 19 mars, tuant au moins 26 personnes. Selon l'opposition, cette attaque a été mise en scène par le régime du président Assad. Les deux autres sites d'enquête prévus seraient Ataybah, près de Damas, où une attaque avait été signalée en mars et Homs (centre), pour une attaque suspecte le 23 décembre. La Coalition de l'opposition syrienne a salué l'arrivée des inspecteurs, soulignant la nécessité que la mission «se rende dans toutes les régions où il y a eu des attaques» chimiques. «L'inspection des régions contrôlées ou reprises par le régime ne sera pas suffisante, car malgré la confiance de la Coalition dans le professionnalisme et l'impartialité de la mission, il sera difficile qu'elle parvienne à des véritables résultats, le régime étant connu pour sa manipulation des preuves», a-t-elle dit.