Le rédacteur en chef du quotidien britannique The Guardian, Alan Rusbridger, s'est plaint, hier, d'avoir été contraint par le gouvernement de son pays à détruire des documents hautement confidentiels fournis par l'ancien agent de la NSA, Edward Snowden, actuellement réfugié en Russie. Dans son article, Rusbridger dénonce «un très haut responsable du gouvernement (britannique, Ndlr)» ainsi que «des personnages mystérieux de Whitehall (rue de Londres où se trouvent plusieurs ministères, Ndlr)» qui lui ont intimé l'ordre de leur remettre les documents. Ce qu'il a fait. Deux fonctionnaires du Gchq (service britannique des écoutes) se sont déplacés pour procéder à la destruction de ces documents dans les sous-sols du quotidien. Il s'agirait d'informations sur le système de surveillance américain mais peu importe. L'essentiel est dans la pratique de la démocratie, ou plutôt ses limites, dans un pays des plus «démocratiques». En réalité, ces documents étaient en possession d'un journaliste du quotidien qui avait commencé à publier. L'homme qui lui avait remis les documents est un Brésilien qui a été arrêté par la police anglaise. Il a été relâché, quelques heures après. Son ordinateur portable, son téléphone mobile et des clés USB qu'il avait sur lui, ont été confisqués. Le ministère de l'Intérieur britannique explique, toutes ces atteintes à la liberté de la presse, dans un communiqué où il précise qu'il est «de son devoir de protéger le public et la sécurité nationale». Point final. Les «démocrates» de tous acabits peuvent continuer à vociférer jusqu'à se taper la tête contre le mur. Amnesty International ne s'était pas encore fait entendre hier. Reporters sans frontières non plus. Ainsi va la vie dans les «sanctuaires» démocrates qui n'hésitent jamais à faire la leçon aux autres. Les plus acharnés d'entre eux se trouvent malheureusement dans les pays moins développés, notamment dans le Monde arabe. Là ils «défendent» les mille et une vertus de la liberté. De la presse. De l'expression. De la vie privée. Des droits de l'homme. De la gouvernance. De l'alternance. Et bien d'autres chapitres de leur lexique. Hier, le rédacteur en chef du The Guardian n'en menait pas large. Il n'a pas osé donner un seul nom de ses «mystérieux» interlocuteurs. Ce qui ne l'a pas, du même coup, empêché de fanfaronner sans complexes pour dire qu'il allait faire ses révélations «ailleurs». Où? Il ne le dit pas, mais peut-être pensait-il à la planète Mars! Les plus grands pays de ce monde se sont protégés contre le retour de bâton de cette démocratie qu'ils veulent imposer à l'humanité. Aux Etats-Unis c'est avec le «patriot act». Une loi antiterroriste. Les Anglais ont eux aussi la leur adoptée en 2000. L'arrestation du Brésilien, la confiscation de son matériel, la destruction des documents et l'interdiction de publication se sont effectuées sur cette base. Légalement et sans avoir à décréter l'état d'urgence. Les petits «démocrates» des autres contrées du globe sont encore plus virulents que leurs maîtres. Ils n'admettraient pas que les «sous dév'» puissent avoir le même «devoir de protéger le public et la sécurité nationale» que les autorités britanniques. Voilà le véritable visage des chantres de la démocratie qui exportent le chaos sous le label du «printemps arabe». Ce qui s'est passé, hier à Londres, n'est qu'un des aspects de la grande supercherie du siècle formée par le package mondialisation démocratie. C'est une affaire que les gouvernements arabes devraient largement diffuser à leurs populations pour démystifier les beaux slogans déversés par les satellites. La démocratie ne se décrète pas. C'est une culture. Des siècles n'ont pas suffi à l'Occident. La preuve!