Valls risquerait de faire oublier l'épisode Sarkozy Si la politique menée par Nicolas Sarkozy était redoutée comme la peste par les étrangers hors communauté européenne, les Algériens en particulier, celle de l'actuel ministre de l'Intérieur s'annonce aussi féroce contre eux. Les débats de la honte sont sur le point d'être déterrés. Les récents propos de Manuel Valls ne sont pas rassurants. Deux défis majeurs attendent l'Hexagone selon le premier flic de France qui s'est exprimé, le 19 août, dans le cadre d'un séminaire gouvernemental consacré à la politique d'avenir de la France. Il s'agit de la poussée démographique, notamment africaine qui va «obliger d'ici à dix ans à repenser notre politique migratoire» a-t-il estimé. Cette problématique constitue le souci prioritaire du patron de la place Beauvau qui a considéré, par conséquent que la «question du regroupement familial pourrait être revue». Le second challenge serait de faire la démonstration que «L'islam est compatible avec la démocratie» a-t-il ajouté. Des déclarations qui font du rififi au sein de sa propre famille politique. «Je crois que nous devons rappeler que nous sommes dans un cadre républicain et que ce cadre républicain doit être réaffirmé. Pour ma part, je ne crois pas que la mise en cause du regroupement familial serait une manière de faire vivre notre cadre républicain.» a déclaré sur France 2 la ministre de la Santé, Marisol Touraine qui a carrément pris ses distances avec lui. Il persiste et signe. «Pourquoi y a-t-il parfois des attaques à mon endroit? Précisément parce que je fais la démonstration que la gauche peut réussir, qu'elle a changé dans le domaine [de la sécurité], qu'elle fait mieux que la droite» réitère et assure Manuel Valls sur les ondes de RMC. Vaste chantier qui constitue un programme prématuré de précampagne présidentielle. Les thèmes qui y sont abordés ouvrent surtout la porte aux réactions racistes et xénophobes. Cela ne semble pas déranger outre mesure le successeur de Claude Guéant qui avoue vouloir «faire mieux» que ceux qu'il avait pourtant combattus en matière de politique sécuritaire. On pensait que l'arrivée des socialistes au pouvoir allait mettre fin à ces types de débats orchestrés par la droite classique pour draguer les voix d'un électorat xénophobe à travers lesquelles se sont forgés des préjugés qui ont fait la part belle à la stigmatisation et aux thèses racistes. Trop porteurs pour être évacués en ces moments de crise et même lorsque cela ne va pas trop mal. Pas question donc de les laisser à portée de main d'une droite revigorée par les déboires économiques d'un gouvernement socialiste et qui croit dur comme fer en ses chances pour revenir aux affaires en 2017. Les étrangers s'inquiètent, la communauté musulmane est mise sous pression et en a marre de servir de bouc émissaire dès que la France va mal. Cela dure depuis trop longtemps. Quelques décennies maintenant. «Les différents débats sur le halal, les minarets, la burqa, la laïcité, l'identité nationale, l'immigration et les prières des rues ont libéré la parole des extrémistes sans compter les déclarations d'hommes politiques soucieux de se maintenir au pouvoir en déclarant que les musulmans sont un problème pour la France», avait souligné, indigné, vers la mi-juillet 2012, le président de l'Observatoire national contre l'islamophobie, Abdallah Zekri. Il n'est apparemment pas au bout de ses peines. Si le doute était encore permis sur les intentions et les idées du ministre français de l'Intérieur, sa dernière sortie médiatique confirme qu'il entend faire des débats sur l'Islam, l'immigration sa chasse gardée. L'homme est pressé et semble déjà avoir lancé la course à l'Elysée avant l'heure alors que la présidence de François Hollande n'est pas encore arrivée à mi-mandat. L'extrême droite a du grain à moudre. Manuel Valls est déjà au four et au moulin...