Au moins deux groupes ont investi Alger à la faveur de l'effervescence électorale qui y règne. Un «service renforcé» de la police a été décidé récemment, au niveau des centres urbains et des places publiques dans la capitale. Officiellement, c'est un mouvement somme toute normal à l'approche de l'élection du 8 avril prochain. Mais souvent une raison en cache une autre, et dans notre cas, les récentes incursions avérées de groupes armés «opérationnels» ont de quoi nourrir les appréhensions les plus fortes et engager une stratégie de sécurité optimale. Plusieurs indices ont convaincu les forces de sécurité que des groupes de deux à quatre hommes sont opérationnels dans la capitale. Nous avons assisté tout d'abord à l'assassinat de deux policiers à Belcourt par deux jeunes non-fichés, non répertoriés et inconnus des habitants du quartier. Quelques jours après un accrochage à El Hamiz, à une dizaine de kilomètres à l'est d'Alger, permet à la Bmpj locale d'abattre un terroriste et de blesser un autre, qui a réussi, toutefois à s'échapper. A Rouiba, deux terroristes du Gspc, qui ont été «filés» à partir de Boudouaou, ont été abattus par la Bmpj juste avant que ceux-ci ne prennent l'autoroute vers Alger. Dans la foulée, un repenti du Gspc a été abattu à Bachedjarah, un quartier populaire d'Alger, où il tenait un commerce ambulant. L'assassinat de l'imam Abdenacer, dit Abou Hafs, en plein jour et en plein centre d'El Harrach, confirme la thèse selon laquelle un groupe du Gspc, chargé de liquider les repentis, auxquels il reproche leur collaboration avec les services spéciaux, aurait investi la capitale. Toutes ces actions conjuguées commencent à nourrir les craintes au sein des islamistes repentis, d'autant plus qu'un mois avant son assassinat, Abou Hafs avait reçu la visite inattendue d'un émissaire qui a affirmé être dépêché par la direction du groupe des Houmet Ed Daâwa Es Salafiya, actif dans l'Ouest algérien (on savait que l'officier-juriste du Ghds était un ancien élève de l'imam Abou Hafs), qui demandait au cheikh de rallier l'organisation armée. Cette information avait été confirmée par plusieurs amis du cheikh lequel avait cessé depuis 1992 toute activité subversive, et coupé les ponts avec le GIA en fin 1995 et l'assassinat de Mohamed Saïd (l'imam était à l'époque incarcéré à la prison algéroise de Serkadji). De toute évidence, et comme à la veille de chaque échéance électorale, il y a lieu de s'inquiéter des incursions qui se font et qui se feront encore. Les services de sécurité sont arrivés depuis deux ans à de bons résultats, avec un quadrillage discret et hermétique à la fois. Aujourd'hui, et à la lumière des attentats ciblés déjà perpétrés, le temps est à la prudence. Il y a quatre jours, quatre militaires ont été tués à Tébessa, alors qu'un attentat similaire avait failli provoquer de lourdes pertes aux militaires à Keddara, dans les hauteurs de Khemis El Khechna.