Un martyrologe qui en dit long sur l'histoire de la région «Après 50 ans d'indépendance, de nombreux villages continuent de vivre des situations qui datent de l'ère coloniale.» Le village Laâzib Sidi Sadek, commune de Beni Maouche à Béjaïa ressuscite la mémoire de ses martyrs. Construit avec des moyens modestes, un cimetière des martyrs a été inauguré mercredi dernier au centre du village Laâzib Sidi Sadek. Pas moins de 21 noms de martyrs du même village, à commencer par les Seddiki, qui ont payé un lourd sacrifice pendant la guerre de Libération 1954-1962 étaient transcrits sur une stèle commémorative. Parmi les initiateurs et autres participants à la réalisation de ce projet mémorable, figure Seddiki Bachir, fils de chahid, 68 ans environ qui témoigne: «Après 50 ans d'indépendance, c'est notre devoir de faire connaître les sacrifices de nos martyrs aux générations postindépendance.» Ledit projet était soutenu par la direction des moudjahidine de la wilaya de Béjaïa, la daïra et l'APC de Beni Maouche, en plus de la présence de nombreux invités qui sont venus d'Alger, Tizi Ouzou et autres villes, dont Amar Mellah, fils du martyr Ali Mellah, qui a organisé les bataillons des moudjahidine de la région au début de la révolution, des dizaines de citoyens qui étaient là pour marquer de leur présence cet événement historique et culturel. Mohamed Abbad, président de l'association Mechaâl Ech Chahid, qui n'est plus à présenter dira: «Nous avons pour habitude d'animer des conférences sur des personnalités historiques, mais, cette fois-ci, nous nous sommes déplacés au village Sidi Sadek, afin d'honorer la base des familles des moudjahidine», dira-t-il avant d'ajouter que sans la base, il n'y aurait la présence de personnalités et autres institutions. Forte de 1 014 martyrs qui sont tombés au champ d'honneur, la commune de Beni Maouche enregistre plusieurs villages qui comptent faire de même, à l'instar du village Tizekht, qui compte 67 martyrs, Aguemoune, Thiwal et autres villages de la région qui ont déjà commencé leur programme. «Nous voulons réaliser un film documentaire sur les batailles qui ont eu lieu à la montagne Achthoug et autres champs d'honneur», a-t-on indiqué en plus des handicaps occasionnés et tortures commises par l'armée coloniale à l'encontre des martyrs et des moudjahidine de la région, a-t-on appris auprès des membres de l'association Thafath (Lumière) qui vient de naître, afin de contribuer aux actions d'intérêt général. La quasi-majorité des villageois ont montré leur disponibilité pour contribuer à la réalisation d'une stèle à Lotta Souffla, à la mémoire des martyrs du village Tizekht. Dans le passé, on disait que «celui qui tue pour l'honneur, va à Tizekht et ce, afin de se protéger de toute vengeance, grâce à l'unité des habitants de ce village» ont rapporté des personnes âgées qui déplorent le renversement de l'échelle des valeurs. Quant à l'organisation annuelle de la Fête des figues, on note la programmation de cet événement pour, les 10,11 et 12 octobre prochain au Cfpa qui a été baptisé récemment au nom du martyr Hafid Baâziz. Plus de 50 producteurs de figues sèches, prendront part à cet événements annuel, a-t-on indiqué auprès des organisateurs. La commune de Beni Maouche a enregistré un très lourd sacrifice durant la Révolution algérienne. Malheureusement, 50 ans après l'indépendance, de nombreux villages continuent de vivre des situations qui datent de l'ère coloniale, regrette-t-on.