Le cartable sera plus léger Le topo de cette nouvelle année scolaire: des avancées mais qui restent insuffisantes, un manque de places pédagogiques et d'enseignants et des syndicats toujours en colère... La cloche a sonné: plus de 8 millions d'écoliers, collégiens et lycéens retrouvent ce matin le chemin de l'école. Et cette rentrée scolaire 2013-2014 se fait sous des auspices très politiques: de la réforme des réformes jusqu'à l'allégement du cartable en passant par les bombes à retardement que sont les syndicats. Un véritable terrain miné pour cette première «vraie» rentrée préparée par le ministre de l'Education nationale, Abdelatif Baba Ahmed. La question est donc de savoir quelles sont les nouveautés apportées cette année pour déminer ce terrain? Le premier changement notable de cette année est bien sûr l'allégement du cartable scolaire. Problème récurrent ces dernières années où plusieurs cas d'élèves sont traités pour des problèmes de dos provoqués par son surpoids, le cartable scolaire sera plus léger cette année. Des mesures ont été prises pour cela. Il s'agit d'unifier la liste des articles scolaires en réduisant le nombre de cahiers exigés, la suppression des cahiers d'activité quand le manuel existe, réserver un seul cahier pour les matières qui se rapprochent telles que l'histoire et la géographie, l'éducation civique et islamique, ainsi que l'utilisation d'un seul cahier pour les cours et les exercices d'une même matière. Le cartable scolaire n'est pas le seul a avoir été allégé. Baba Ahmed a également décidé de diminuer le volume horaire hebdomadaire pour les collégiens. Il passe de 30 heures par semaine à 28 heures. Autre «réforme» pour les collèges, le lancement d'un nouveau programme de langue française pour les élèves de 4e année moyenne. Pour les lycéens, il a été décidé d'introduire l'italien comme 3e choix pour la filière langues étrangères. Autre nouveauté, des cantines scolaires dans tous les établissement ainsi que la revalorisation des subventions données pour chaque repas qui passe de 35 à 40 dinars. Le transport scolaire, lui, sera assuré dans toutes les zones enclavées. Pour l'Association nationale des parents d'élèves, ces mesures sont bonnes, mais restent insuffisantes. «Cela représente une certaine avancée par rapport aux dernières années, mais ces mesures restent superficielles», affirme Ahmed Khaled, président de cette association. Il parle notamment de la prime pour les élèves démunis. «Au vu du prix que coûtent les affaires scolaires, cette prime est insuffisante. Elle doit être augmentée au minimum à 5000 dinars», estime-t-il. Il revient aussi sur les mesures prises pour l'allégement du manuel scolaire. Il estime qu'elles ne sont qu'une «solution de facilité». «Il aurait été plus simple d'alléger le programme scolaire que les enseignants n'arrivent jamais à terminer», certifie-t-il. Mais pour M.Khaled, le «problème récurrent demeure la surcharge des classes». Certes, 462 nouveaux établissements scolaires ont été réceptionnés cette année: 254 primaires, 99 CEM et 109 lycées. Mais le problème de la surcharge des classes se posera encore une fois cette année. C'est le même son de cloche chez les syndicalistes. «On va être confrontés encore à une surcharge des classes particulièrement dans les lycées et les classes de 4e année moyenne qui ont vu un fort taux d'échec au BEM», souligne Messaoud Boudiba, porte-parole du Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest). Celui-ci soutient que le nombre d'élèves va dépasser les 40 par classe. M.Boudiba dénonce aussi le manque d'activités extra-scolaires. «Il y a un gros manque en la matière, même les activités sportives sont rares dans la majorité des écoles primaires et dans certains CEM», peste-t-il. Il parle aussi du retard dans la délibération des résultats du concours de recrutement des enseignants. «Les résultats de ce concours n'ont pas encore été donnés. Cela risque de perturber la rentrée. Beaucoup d'élèves risquent de se retrouver sans enseignants à cause de ce retard», soutient-il. Messaoud Boudiba révèle également que le nombre d'enseignants recrutés via ce concours sont loin de répondre aux besoins réels du secteur. Surtout qu'un départ massif des enseignants à la retraite a été enregistré cette année. M.Boudiba revient également sur les revendications syndicales qui pourraient encore une fois perturber le bon déroulement de l'année scolaire. «Il était prévu qu'à la fin du mois d'août, des rencontres bilatérales soient organisées entre les syndicats et la tutelle. Mais la rentrée scolaire est arrivée et les rencontres ne sont toujours pas là», peste-t-il. «Nos problèmes sont en suspens depuis des années. Pour éviter toute perturbation durant l'année scolaire, le ministère de l'Education doit ouvrir le dialogue avec ce genre de rencontres...», suggère-t-il. En gros, voici le topo de cette nouvelle année scolaire. Des avancées, mais qui restent insuffisantes, un manque de places pédagogiques et d'enseignants et des syndicats toujours en colère... Bonne rentrée à tous.