Le président syrien met en garde contre toute frappe «imprudente» contre la Syrie Le président syrien a averti hier qu'il fallait «s'attendre à tout» en cas de frappes contre son pays alors que le monde attend le résultat du vote du Congrès américain sur le recours à la force demandé par Barack Obama. «Vous devez vous attendre à tout», a mis en garde Bachar al-Assad lors d'un entretien télévisé diffusé par la chaîne américaine CBS. Il a ajouté qu'une attaque américaine reviendrait à mener «une guerre qui va aboutir à soutenir Al Qaîda et les gens qui ont tué des Américains le 11 Septembre» lors de l'attentat contre le World Trade Center. «Le gouvernement (syrien) n'est pas le seul acteur dans la région. Il y a différentes parties, différentes factions, différentes idéologies», a-t-il ajouté: «Si vous n'êtes pas prudents, vous en paierez le prix. (...) Il est difficile de prévoir ce qui va se passer. C'est une région perpétuellement au bord de l'explosion». Interrogé sur l'éventuelle utilisation d'armes chimiques, le président syrien a refusé de l'exclure - sans dire toutefois clairement si son régime en ferait usage -: «Cela dépend. Si les rebelles, des terroristes dans la région ou tout autre groupe en possèdent, cela pourrait arriver. Je ne suis pas devin, je ne peux pas vous dire ce qui va arriver». «L'armée américaine est bien plus puissante que celle d'Assad ou de ses alliés. Nous allons lui envoyer un message très clair. Franchement, il n'a aucun intérêt à aggraver ce conflit», a réagi Ben Rhodes, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche. Le président syrien a également appelé les élus américains - qui doivent se prononcer prochainement sur une résolution autorisant des frappes en Syrie - à «demander à l'administration ses preuves» sur l'attaque chimique du 21 août. «Soyez transparents», a-t-il lancé. «Le monde entier est déçu par l'administration» Obama, a poursuivi Bachar al-Assad, assurant qu'elle n'avait pas «le plus petit morceau de preuve»: «Nous espérions qu'elle serait différente de l'administration Bush». «Dans cette affaire, Kerry n'a présenté aucune preuve», a estimé Assad, évoquant également les éléments présentés par Colin Powell, alors secrétaire d'Etat, censés prouver la présence d'armes de destruction massive en Irak avant l'invasion du pays en 2003. «Dans la zone où on dit que le gouvernement a utilisé des armes chimiques, nous n'avons que des vidéos, des photos et des allégations. Nous n'y étions pas. Nos forces, notre police ne pensent pas la même chose», a-t-il lancé: «Comment parler de quelque chose sans y avoir assisté? (...) Notre gouvernement ne parle que quand il a des preuves». «Les Russes ont des preuves totalement différentes, selon lesquelles les missiles ont été lancés de zones contrôlées par les rebelles», a-t-il également poursuivi. «Le Congrès (américain) va voter dans quelques jours, et je crois que le Congrès est élu par le peuple pour le représenter. Les élus devraient donc se demander: - Qu'apportent les guerres à l'Amérique? - Rien. Aucun gain politique, aucun gain économique, et pas une bonne réputation», a ajouté le président syrien: «C'est une guerre qui va contre les intérêts de l'Amérique. Pourquoi? C'est une guerre qui va aboutir à soutenir Al Qaîda et les gens qui ont tué des Américains le 11 Septembre»