Les chefs des diplomaties russe, Sergueï Lavrov et américain, John Kerry, se sont réunis hier avec l'émissaire spécial de l'ONU pour la Syrie, Lakhdar Brahimi La Russie, à la manoeuvre dans les tractations diplomatiques autour de la Syrie, a appelé hier à faire confiance à Bachar al-Assad au deuxième jour de discussions russo-américaines tendues sur les armes chimiques à Genève. «Je pense que nous devons saluer cette décision de la direction syrienne» de rejoindre la convention sur l'interdiction des armes chimiques et «je veux exprimer l'espoir que ce sera un pas important vers le règlement de la crise», a déclaré le président russe Vladimir Poutine lors d'un sommet régional au Kirghizstan. La veille, le président syrien Bachar al-Assad s'était engagé à envoyer aux Nations unies les documents nécessaires pour signer un accord sur l'interdiction de l'utilisation des armes chimiques, mais avait posé ses conditions: que les Etats-Unis cessent de «menacer» de frappes militaires et «de livrer des armes» aux rebelles. Les Nations unies ont annoncé dans la foulée avoir reçu «un document d'adhésion de la part du gouvernement syrien concernant la convention sur les armes chimiques». Les premières discussions jeudi, entre Américains et Russes, ont été jugées «bonnes et constructives» par le secrétaire d'Etat américain. Signe d'une bonne ambiance, MM.Kerry et Lavrov sont arrivés ensemble hier matin dans la voiture du secrétaire d'Etat pour le court parcours qui sépare l'hôtel où ils se réunissent du siège des Nations Unies à Genève. Mais cela ne préjuge en rien d'un succès des discussions entre Kerry, diplomate opiniâtre, et Lavrov, unanimement considéré comme un négociateur «redoutable». Avant leur première rencontre jeudi en fin de journée, les deux hommes avaient étalé publiquement leurs divergences devant la presse, notamment sur la question du maintien de la menace de frappes militaires américaines mais ils ont également affirmé leur «détermination» à mettre en place un processus pour neutraliser cet arsenal. Les discussions à Genève, qui ont débuté jeudi pour au moins deux jours, et auxquelles participent des experts en désarmement, portent sur la façon de placer l'arsenal chimique syrien sous contrôle international, après l'initiative lancée lundi par Moscou. Hier, le quotidien Wall Street Journal a affirmé que la Syrie avait commencé à disséminer son arsenal chimique sur une cinquantaine de sites différents, pour compliquer la tâche de ceux appelés à les contrôler. Le journal, qui cite des responsables américains anonymes, affirme qu'une unité militaire spécialisée déplace depuis des mois, y compris la semaine dernière, ces stocks d'armes chimiques, qui dépassent le millier de tonnes, selon des experts. Par ailleurs, elles se tiennent alors que les forces régulière syriennes sont accusées d'un nouveau massacre. Dans un rapport publié à Beyrouth, l'organisation humanitaire Human Rights Watch (HRW) affirme que ces dernières ont exécuté au moins 248 personnes dans deux villages de la province côtière de Tartous les 2 et 3 mai dernier. La rencontre de Genève est censée ouvrir une voie diplomatique pour le conflit en Syrie et à repousser une éventuelle action militaire punitive des Etats-Unis et de la France après l'attaque du 21 août. Paris a soumis à ses partenaires de l'ONU un projet de résolution qui prévoit un éventuel recours à la force en cas de manquements de Damas à ses obligations de désarmement chimique, un texte jugé «inacceptable» par la Russie. Le général Sélim Idriss, chef de l'Armée syrienne libre (ASL, rebelles), a rejeté jeudi le plan russe. Pour la Coalition nationale syrienne (opposition), l'initiative russe est une «manoeuvre politique destinée à faire gagner du temps» à Bachar al-Assad.