La réhabilitation du service public détermine pour l'avenir, l'opérabilité des stratégies de développement Il est difficile que du jour au lendemain, on puisse réformer les mentalités des cadres et fonctionnaires, imprégnés pour la plupart de la notion de «beylik», du laxisme ambiant et de la culture du passe-droit? Une rentrée sociale des plus détendues et un pays stable par la stabilité de ses institutions. C'est le nouveau mot d'ordre du gouvernement Sellal II. L'installation d'un ministre auprès du Premier ministre, chargé de la Réforme du service public, répond à l'impératif d'atténuer les souffrances du citoyen face à l'administration archaïque, corrompue et lente. Intervenant lors de l'installation de M.Mohamed El Ghazi, investi de la mission de redonner à la notion de service public ses lettres de noblesse, Abdelmalek Sellal a tenu à mettre le doigt sur la source du mal: «Les souffrances du citoyen face à l'administration à l'origine de l'émergence de niches de corruption», dit-il. Avant d'affirmer que la réussite de l'Etat dans ses missions était «tributaire de la facilitation des conditions de vie du citoyen dans son environnement», notamment l'administration qui continue de poser des problèmes au citoyen. Cependant, si l'intention des pouvoirs publics est louable à plus d'un titre, comment peut-on, du jour au lendemain réformer les mentalités des cadres et fonctionnaires, imprégnés pour la plupart de la notion de «beylik», du laxisme ambiant et de la culture du passe-droit? D'ailleurs, M.Sellal a reconnu qu' «en dépit des mesures adoptées pour alléger les procédures administratives, nous n'avons pas encore atteint l'objectif escompté». Un aveu de taille qui renseigne sur la ténacité de certains réflexes qui continuent de peser sur les différents services publics. «Intelligence, expérience et volonté», sont les maîtres mots sur lesquels doit se baser la mission du service public, aux yeux du Premier ministre qui trouve inconcevable qu'en 2013, «on continue à gérer l'administration avec des procédés archaïques dans un pays comme l'Algérie qui dispose pourtant d'importantes ressources humaines et financières». Le problème ne réside-t-il donc pas dans le choix de cadres compétents et rompus à la gestion moderne et rationnelle? La marginalisation des compétences et la nomination de cadres et autres hauts responsables, en fonction de critères subjectifs, liés à la tribu et aux intérêts bassement étroits, sont les facteurs nocifs au bon fonctionnement des services publics. Sellal reconnaît que «l'obstination de l'administration à s'imposer de la sorte est une erreur». A ce propos, il a cité plusieurs exemples concernant, notamment la multitude de documents demandés aux citoyens pour la constitution d'un dossier relatif à un projet donné ou au permis de conduire ou encore pour passer un concours. Mais, le problème réside-t-il dans l'allégement des procédures de délivrance de documents administratifs ou dans la réforme des mentalités? Car, si la loi insiste sur la probité, la transparence et l'éthique dans l'accomplissement de la mission du service public, il reste que des règles non écrites sont mises en avant dans les actes de gestion à tous les niveaux. Il est temps de mettre de l'ordre dans le fonctionnement des services publics, de sorte à ce que leurs dysfonctionnements ne constituent pas un élément fortement perturbateur pour la cohésion et la stabilité sociales. Les mouvements sociaux à répétition sont suscités par des administrateurs, parfois même d'agents d'exécution sur lesquels n'a jamais pesé la moindre évaluation du produit de leur travail et de la nature des relations. Il est donc clair que la réhabilitation du service public détermine pour l'avenir, l'opérabilité des stratégies de développement. C'est aussi le premier fondement de l'Etat de droit. En effet, une administration en phase avec les missions qui sont les siennes, est un élément de la stabilité sociale, un facteur de sécurisation pour les personnes et les biens, un élément fondamental pour la protection des libertés publiques.