La lecture des programmes des six candidats fait ressortir trois approches différentes sur le code de la famille : son abrogation, sa révision et son maintien. Hanoune, première femme arabe présidentiable, juge, dans son programme-alerte, qu'il est urgent de «décréter des mesures de détente, d'apaisement, matérialisant le respect des droits de l'homme, de mettre fin aux conséquences terribles du code de la famille sur les femmes et les enfants par la promulgation de lois consacrant l'égalité effective en droit et devant la loi et préservant les enfants en toutes circonstances». Ainsi, le long parcours de la candidate du PT et sa conviction politique plaident pour l'abrogation du code de la famille même si elle n'est pas explicitée dans son programme. De son côté, Benflis déclare dans les 100 engagements que «le code de la famille sera révisé afin de garantir les droits de la femme et d'assurer la protection des droits de l'enfant». Dans la même option, le président sortant souligne que «le renforcement de la stabilité nationale nous dicte également d'accorder la plus grande attention à la cellule familiale, pierre angulaire de la société». Faisant le constat des conséquences graves induites par les drames conjugaux, les femmes jetées à la rue et les enfants livrés au dénuement, Bouteflika s'engage à la révision du code de la famille «dans le respect de nos valeurs spirituelles qui ne sont nullement en contradiction avec les dispositions de la Constitution». En guise de conclusion, le candidat remarque que «cette révision viendra ainsi renforcer les droits de la femme à laquelle la Constitution garantit l'égalité citoyenne». Quant à Djaballah, qui ne peut que se réjouir du code de la famille en vigueur, promet de «préparer la femme pour lui permettre d'accomplir son devoir au sein de la famille et de la société». Concernant l'exercice des activités politiques, le candidat islamiste semble mettre un bémol à son conservatisme en recommandant «l'égalité entre l'homme et la femme dans l'accession aux responsabilités». Par ailleurs, la femme rurale doit, indique Djaballah, bénéficier d'un encouragement particulier dans les domaines de la scolarité, de la formation et de l'insertion sociale. Pour les travailleuses qui sont en même temps des mères de famille, le président d'El Islah envisage un réaménagement horaire adéquat. D'autre part, le candidat islamiste ne s'est pas empêché de cibler les millions de célibataires en leur promettant un fonds de mariage. S'agissant de Rebaïne, qui a affiché son enthousiasme envers l'expérience tunisienne, s'engage à l'application effective de la déclaration universelle des droits de l'homme. Le candidat de AHD 54, qui prône la rupture avec le système et une école moderne semble s'inscrire dans le camp de l'abrogation du code de la famille. Sadi, ennemi juré de tous les tabous, se dit déterminé à «bannir les inégalités légales et sociales dont souffre la moitié de notre peuple».Cette mission, explique le candidat du RCD, est une exigence de justice et une condition de développement. Plus explicite, Sadi déclare que son ambition est «de lever toutes les discriminations et les archaïsmes qui pénalisent la femme». En outre, le candidat juge prioritaire de «mettre fin aux interruptions de la scolarité qui frappent massivement les filles dans les zones rurales».