Ahmed Bédjaoui, en compagnie de Ramdane Djazaïri, toujours disponible pour transmettre son savoir-faire La session dispensée par le Pr Ahmed Bedjaoui, docteur en cinéma et en littérature et maître de conférences à l'Université d'Alger, a porté sur la critique culturelle. Oui, malheureusement, les experts confirment à maintes reprises que la culture algérienne connaît une dégradation continue depuis une génération. «Quelles sont les raisons et quel est le rôle de la critique culturelle dans toute cette situation?» Cela était le sujet principal de la 44e session de formation de Club de presse organisé hier par Nedjma, au profit des journalistes. La session dispensée par le Pr. Ahmed Bedjaoui, docteur en cinéma et en littérature et maître de conférences à l'Université d'Alger, a porté sur la critique culturelle. Dans son introduction, le Pr. Bedjaoui a mis l'accent sur l'influence qu'exerçait auparavant le critique culturel, qu'il soit littéraire ou cinématographique sur le public. Une influence qui, selon lui, n'est plus aussi importante en raison de «la dimension marketing et consommation qui domine la relation avec le produit culturel». En effet, le formateur souligne l'apparition «d'un nouveau type de critique culturelle qui se contente de faire la promotion du produit culturel à l'aide de bandes annonces et de fiches de lectures pré-rédigées». Cette promotion est renforcée par la Toile via «le buzz média sur Internet et les réseaux sociaux», faisant de ces derniers des «outils de recommandation incontournables et ce, en plus des services développés par les opérateurs de téléphonie mobile pour la promotion du produit culturel», précise le Pr Bedjaoui. Cette nouvelle forme de critique culturelle nous amène, selon le professeur, à faire le parallèle avec celle d'une autre génération où la critique culturelle était l'apanage de «personnes reconnues, seules habilitées à donner des recommandations sur les tendances littéraires ou cinématographiques». Sur un autre volet, le Pr. Bedjaoui a souligné la difficulté d'exercer le métier de critique de cinéma dans «une situation d'absence totale de salles de cinéma pour accueillir le public, un public qui s'est tourné vers le DVD et de plus en plus vers le Web». Cette difficulté se pose également pour le critique littéraire car ce dernier «n'est plus le garant du succès d'un ouvrage même s'il reste un support important pour la crédibilité du jugement» souligne le formateur. En ajoutant que la solution pour développer la culture algérienne est de reconstruire tout le maillon afin de redorer le blason, notamment dans le secteur du cinéma qui se trouve dans une situation très critique. «Je dirai que la culture traditionnelle est une grande victime du buzz et de l'Internet», car le critique culturel sera probablement remplacé par le journaliste culturel, «sous réserve que ce dernier fasse preuve d'humilité et qu'il fournisse le maximum d'informations au public tout en se gardant de s'ériger en faiseur d'opinions», a-t-il conclu.