La place de la critique cinématographique dans la presse a fait, hier, l'objet d'un débat à la cinémathèque algérienne et ce, dans le cadre des Journées cinématographiques d'Alger qui se poursuit jusqu'au 11 juillet. Les intervenants, qui ont déploré l'absence d'une véritable critique à la fois visible, effective et constructive, ont estimé que la relation entre le journaliste et le cinéma est complexe. Tous s'accordent à dire qu'il n'y a pas véritablement de critique de cinéma. Car pour l'être, il faudrait, selon eux, être «un amoureux et un passionné des salles obscures afin qu'il puisse rédiger des articles complets, adaptés et de qualité et, par conséquent, éviter de tomber dans le piège de la critique subjective.» Et d'ajouter : «Il doit être, en plus, un cinéphile par excellence.» C'est ainsi que la réalisatrice Yamina Chouikh, auteur du film Rachida, sortie en 2003, dira : «La crise de la critique cinématographique est incontestablement liée à la crise que connaît depuis plus d'une décennie le secteur de la cinématographie algérienne.» Et de poursuivre : «S'il n'y a pas de critique, c'est seulement parce qu'il n'y a pas une véritable production cinématographique.» Cela revient d'emblée à dire que la critique de cinéma est à l'image du cinéma algérien, c'est-à-dire déficitaire. Il endure une crise chronique. Le cinéaste Rabah Laaradji, l'auteur de Un toit, une famille, un des grands classiques du cinéma algérien, ayant marqué, rappelons-le, le paysage cinématographique des débuts des années 1980, a, pour sa part, regretté que «la plupart des journaliste n'ont aucune connaissance, voire culture cinématographique. Et d'étayer : «Il y a des journalistes qui se contentent d'écrire leurs articles sur la base de la fiche technique, sans prendre la peine de voir le film.» Ce qui est, en outre, déplorable, c'est que «des journalistes me posent des questions sur mes films sans les avoir vus au préalable». Et de s'étonner : «Il y a vraiment une inculture chez le journaliste.» Enfin, Ahmed Bédjaoui, un autre professionnel du cinéma et de l'audiovisuel, a estimé que s'il n'y a pas une critique cinématographique solide et professionnelle, c'est parce qu'il n'y a pas de salles de cinéma, donc de public. «Il est impossible de parler d'une critique et d'un cinéma sans l'existence d'un public», a-t-il dit. Les intervenants, présents au débat, ont préconisé la nécessité d'initier des sessions de formations pour les journalistes désireux de spécialiser dans la critique cinématographique.