Avec l'initiative de l'agence immobilière, les services statistiques du pays n'ont qu'à bien se tenir. Avec de vrais chiffres, le réel déficit en logements pour la classe moyenne apparaîtra bientôt. Pas seulement, puisque d'autres «découvertes» sont attendues. En voici quelques-unes... Image saisissante! C'est plus que l'équivalent de ce que peut contenir le stade du 5-Juillet qui se sont inscrits en une seule journée pour un logement en location-vente. En 2 jours, lundi et mardi derniers, pas moins de 179.761 demandes enregistrées par l'Aadl. Et le flot continue. Où et quand s'arrêtera-t-il? Difficile à dire. Sans attendre, une telle «poussée» de demandes comporte déjà des enseignements. La formule location-vente est destinée à la catégorie de citoyens dont les revenus sont supérieurs à ceux exigés pour l'accès au logement social sans pour autant avoir les moyens d'acquérir un logement promotionnel. C'est la catégorie représentative de ce qu'on désigne comme classe moyenne. Ce qui contredit les affirmations politiciennes qui jusque-là avançaient que cette catégorie n'existait plus chez nous. Pour ces voix, il n'y a en Algérie que les très riches, une poignée, les autres, tous les autres sont pauvres. Pour insinuer que la redistribution de la richesse nationale est nulle. Vous l'aurez compris ce sont tous ceux, d'ici et de-là bas, qui avaient pour slogan «Algérie, un pays riche avec un peuple pauvre». Laissons les détracteurs s'égosiller et revenons à plus utile. L'initiative de l'Aadl d'utiliser Internet pour ces inscriptions est historique. Elle l'est par son envergure. Si ce n'est pas la première fois que le service public est assuré via le computer (il y a eu les impôts, la douane, etc.), jamais une opération de ce genre n'avait concerné l'ensemble des citoyens sur toute l'étendue du territoire national. A tel point d'ailleurs que le service informatique de l'agence fait face à un violent «retour de manivelle». En jargon Ntic, c'est le «bugg» qui veut dire réseau saturé par les milliers d'entrées simultanées. La page ne «monte» plus ou difficilement, le débit baisse et le tout se traduit par l'exaspération des utilisateurs. Certains ont même demandé à l'Aadl de se doter des mêmes moyens que «Facebook» qui reçoit des centaines de milliers d'internautes à la fois. Elle est historique aussi car elle permettra pour la première fois d'obtenir des statistiques fiables des demandeurs de logements dans notre pays. Au moins dans cette catégorie. Elle est historique également dans ce réveil brutal qui nous fait découvrir «l'analphabétisme numérique» dans notre pays. C'est-à-dire toutes celles et tous ceux, nombreux, à ne pas savoir manipuler un micro-ordinateur. Ce n'est pas les cybercafés qui s'en plaindraient. Les affaires sont juteuses avec cette opération Aadl. Jusqu'à 200 DA/l'unité pour faire l'opération d'inscription à la place de ceux qui ne savent pas le faire. De ceux qui se trouvent dans la même situation que les analphabètes qui, par le passé, sollicitaient l'écrivain public pour toutes sortes de requêtes administratives. Sans risque de se tromper et seulement de visu, ce nouveau type d'analphabètes que nous appelons unilatéralement «numérique» est très répandu chez nous. Il touche pratiquement tout le monde à partir de cinquante ans. Voire moins. Et si l'on considère que l'utilisation d'Internet dans notre vie quotidienne va en s'élargissant comme partout dans le monde, on mesure l'urgence qu'il y a à mettre le plus grand nombre de citoyens en phase avec ce nouveau moyen de communication. On a envie de dire d'expression en pensant à Twitter et Facebook. De même que cette opération va booster les demandes d'installations de lignes téléphoniques fixes de tous ceux qui viennent de se rendre compte de l'intérêt à avoir l'Internet à la maison et qui ne l'ont pas encore. C'était là une digression que permet une chronique mais revenons aux chiffres que va récolter l'Aadl. L'exploitation de ces nouvelles demandes de logements sera très intéressante. Déjà l'Aadl nous apprend, pour les deux journées, que le nombre des célibataires n'est pas très loin des personnes mariées. Que le tiers des demandes sont faites par des femmes. Qu'il y a près d'un millier de veufs sans logement. Ainsi que d'autres informations du même type, très intéressantes pour des études sociologiques. S'agissant du déficit national en logements, il apparaît que c'est la wilaya d'Alger qui accuse le plus grand nombre de demandes, suivie loin derrière (6 fois moins) par celle d'Oran. Vient ensuite Blida dont le nombre est supérieur à celui de Constantine et celui de Sétif. Après le travail d'exploitation prévu par l'Aadl, notamment la vérification des informations fournies, le gouvernement disposera du chiffre réel qui lui sera très utile lors de l'élaboration du prochain plan de développement. Historique, en effet, cette initiative de l'Aadl! [email protected]