Lamamra. Diplomate chevronné et maîtrisant parfaitement les questions régionales et internationales Ce vieux routier de la diplomatie aura donc la charge de mener à bon port la résolution des grands conflits, entre autres celui du Sahara occidental, qui est son terrain de prédilection. Un nouveau souffle pour la diplomatie algérienne. La nomination de Ramtane Lamamra à la tête du ministère des Affaires étrangères tombe dans un moment opportun. Après un retour de la stabilité à l'intérieur du pays, l'Algérie entend se redéployer sur le plan extérieur pour retrouver sa place d'antan. Une mission qui n'est guère impossible pour Lamamra. Diplomate chevronné et maîtrisant parfaitement les questions régionales et internationales, le chef de la diplomatie algérienne est à la hauteur de cette tâche pour redorer le blason d'une diplomatie essoufflée durant ces deux dernières décennies. L'ascension de Lamamra au sommet de la diplomatie algérienne est loin d'être un non-événement. Ce changement répond parfaitement aux ambitions de l'Algérie qui veut reconquérir sa place. Surtout que la situation au niveau régional s'y prête davantage. Avec la situation d'instabilité que traversent les pays arabes, entre autres la Syrie, l'Egypte et la Tunisie, l'Algérie se retrouve en pole position pour prendre le relais. Ses positions dans les différents conflits et son poids lui permettent de jouer un rôle prépondérant au niveau régional et international. Il ne faut pas perdre de vue que l'Algérie a été l'un des seuls pays à tenir tête à la Ligue arabe pour ne pas exclure la Syrie de la Ligue. Les arguments développés par la diplomatie algérienne sur le dossier syrien sont en train de faire leur chemin. L'Algérie a toujours écarté la solution militaire et plaidé pour la solution politique. Le temps a fini par donner raison à l'Algérie. L'intervention militaire de la France au Mali n'a pas connu un grand succès. Ce qui renforce davantage la position de l'Algérie sur le plan régional. La lutte antiterroriste est un autre point capital qui consolide la position de l'Algérie. Son expérience dans ce domaine est reconnue par les grandes capitales occidentales, notamment après l'attentat de Tiguentourine en janvier dernier. Depuis, l'Algérie est devenue un acteur incontournable dans la lutte antiterroriste et dans la stabilité de la région. Tous ces éléments favorisent l'Algérie à occuper une place de leadership dans la région. L'arrivée de Lamamra à la tête du ministère ne peut que redorer le blason de la diplomatie et lui promettre de revivre des grands moments comme ce fut le cas dans les années 1970 où la voix de l'Algérie était sérieusement entendue. A l'ONU comme à l'OUA ou à la Ligue arabe, l'Algérie avait toujours porté haut sa voix en imposant ses positions pour soutenir les causes justes. Avec la nouvelle donne, le nouveau ministre des Affaires étrangères aura du pain sur la planche. Lamamra est appelé à jouer un grand rôle pour redresser la barre et donner à l'Algérie la place qui lui revient au sein de la Ligue arabe, de l'Union africaine et même de l'ONU. Ce vieux routier de la diplomatie aura donc la charge de mener à bon port la résolution des grands conflits, entre autres celui du Sahara occidental, qui est son terrain de prédilection. Or, la nomination de Lamamra à la tête de la diplomatie suscite, d'ores et déjà, des appréhensions chez nos voisins. Le Maroc n'arrive pas à avaler la pilule. «On ne connaît personne comme lui qui cumule à la fois la connaissance des dossiers et l'hostilité constante aux positions du Maroc, quel que soit le sujet», avance «une source autorisée» marocaine dans un article paru sur la version électronique du magazine Tel Quel sous le titre très éloquent: «Maroc-Algérie. Cauchemar diplomatique». Selon le magazine, le nouveau chef de la diplomatie algérienne «risque de donner du fil à retordre à Rabat». Connu pour ses positions et sa maîtrise du dossier sahraoui, Lamamra fait sérieusement peur au Royaume chérifien. Pour la presse marocaine, M. Lamamra est, depuis cinq ans, le commissaire à la Paix et à la Sécurité de l'Union africaine et, à ce titre, «il a développé un vaste réseau à l'international, après une longue carrière qui l'a mené notamment à Washington et aux Nations unies». «Très actif dans le domaine de la résolution des conflits sur le continent, il s'est heurté à l'activisme marocain sur le Mali, considéré comme une chasse gardée du côté du Palais présidentiel algérien», commente-t-on encore la nomination de Lamamra, qui semble rester en travers de la gorge des autorités marocaines. Partenariat UA-ONU Le constat de Lamamra L'UA et l'ONU doivent collaborer davantage. Tel est le point crucial soulevé par le nouveau chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra. Intervenant hier à la réunion des chefs d'Etat et de gouvernement du Conseil de paix et de sécurité de l'UA tenu à New York en marge de la 68e session de l'Assemblée générale de l'ONU, Lamamra a été droit au but. Il a plaidé à New York pour un meilleur partenariat entre l'Union africaine (UA) et l'ONU sur les conflits en Afrique. Selon lui, les relations entre les deux organisations demeuraient en deçà du niveau d'engagement stratégique nécessaire à l'appui d'une approche commune. Le ministre des Affaires étrangères sait très bien de ce qu'il parle. Maîtrisant parfaitement les rouages des deux institutions, Lamamra a livré un constat devant toute l'assistance. Il a noté que le maintien de la paix et de la sécurité en Afrique s'est imposé à l'UA au vu des crises et conflits qui persistent encore dans plusieurs pays africains. M. Lamamra a ainsi rappelé les efforts déployés par l'UA pour la mise en place de l'Architecture africaine de la paix et de sécurité (Apsa). Il a précisé que le Conseil de paix et de sécurité, en tant qu'organe de décision, et la Force africaine en attente constituaient les éléments centraux de cette architecture à laquelle s'ajoute, au plan politique, l'Architecture africaine de la gouvernance destinée à promouvoir les droits de l'homme, la bonne gouvernance, la lutte contre la corruption et l'approfondissement du processus de démocratisation.