L'octroi de toute aide financière militaire au Maroc est subordonné au respect des droits de l'homme au Sahara occidental stipule une loi adoptée par le Congrès au mois de décembre 2011. Le verdict est tombé. Dans un rapport adressé au Congrès US, le département d'Etat américain dénonce les violations des droits de l'homme exercées par les forces de répression marocaines contre les populations sahraouies et dresse un sévère réquisitoire de la politique menée par Rabat dans les territoires occupés. Le Congrès tiendra-t-il compte de ce texte que vient de lui transmettre le secrétaire d'Etat américain John Kerry? Très sourcilleuses en ce qui concerne la question du respect des droits de l'homme, il n'y a en principe aucune raison pour que les institutions américaines fassent exception dans ce cas précis. Et si l'on se fie aux remarques du successeur d'Hillary Clinton on peut affirmer que Mohammed VI aura raté son examen de passage. Une condamnation sans appel car le document élaboré par le département américain repose essentiellement sur les rapports du représentant personnel du SG de l'ONU Ban Ki-moon Christopher Ross, du patron des Casques bleus, le Français Hervé Ladsous, et surtout du rapporteur spécial de l'ONU contre la torture, l'Argentin Juan Mendez qui avait déclaré qu' «il ne devrait pas être surprenant que des actes équivalant à la torture soient commis à l'occasion d'événements particulièrement intenses, tels que les grandes manifestations...» à la fin de la mission qu'il avait effectuée au Maroc et au Sahara occidental entre les 15 et 22 septembre 2012. Ce qui doit davantage compromettre l'octroi de toute aide financière militaire au Maroc subordonné au respect des droits de l'homme au Sahara occidental stipule une loi adoptée par le Congrès au mois de décembre 2011. Le département d'Etat doit «soumettre un rapport aux comités d'affectation des crédits relevant de la Chambre des représentants et du Sénat sur les mesures prises par le gouvernement marocain en matière de respect des droits des personnes d'exprimer pacifiquement leurs opinions concernant le statut et l'avenir du Sahara occidental» et «élaborer un rapport sur la situation des droits de l'homme des Sahraouis» exige-t-elle. Que dit le rapport élaboré par les services du patron de la diplomatie américaine? Les manifestations en faveur de l'indépendance du Sahara occidental continuent d'entraîner des restrictions excessives et continues, «particulièrement sur le droit de réunion pacifique et la publication de tout plaidoyer pour l'indépendance ou pour un référendum qui inclurait l'indépendance comme option», indique le quotidien indépendant marocain Lakome qui affirme détenir une copie de ce document. Le Congrès ne se limite pas qu'à cette condition uniquement. Il soumet aussi cette aide financière militaire au Maroc au «droit d'accès au Sahara occidental, sans aucune entrave, des organisations des droits de l'homme, des journalistes et des représentants des gouvernements étrangers». Concernant ce point précis, le département de John Kerry, souligne que le ministère marocain de la Communication soumet les journalistes étrangers à l'obtention d'une autorisation avant de pouvoir rencontrer les associations qui militent en faveur de l'autodétermination du peuple sahraoui. «Le Royaume du Maroc, cependant, refuse l'entrée ou expulse les individus quand il estime qu'ils utilisent le journalisme comme couverture pour faire de l'activisme», indique le rapport US qui sonne déjà comme un autre revers infligé au Makhzen.