Le candidat Benflis a eu le soutien inattendu de la zaouïa de Sidi Belkebir. A l'issue de son meeting tenu hier dans la matinée à la salle de cinéma Rex aux trois quarts bien remplie, le candidat Benflis a tenté de «briser le mur du silence» qui s'est construit autour de cette ville. Haranguant la foule, Benflis a exhorté la population bécharie à «vaincre la peur» et surtout à ne pas laisser la voie libre à son rival Bouteflika «d'occuper seul l'espace». «Quelqu'un, à ma descente d'avion, m'a rapporté des propos selon lesquels les gens ont peur de parler. Ils ont peur de quoi ? Lotfi est mort ici, Faradj aussi. Ces martyrs ont vaincu et chassé le colonialisme. Avoir peur des hommes, ce n'est pas l'habitude des Bécharis. Je n'aime pas l'aplat-ventrisme. Il faut donc sortir l'Algérie de la boue. Pour cela, allez en masse faire votre devoir et votez pour le changement.» Pour Benflis la situation doit changer : «Le FLN est toujours debout et quiconque s'amusera à la provoquer nous trouvera en face de lui.» Il leur affirmera, pour sa part, qu'il ne se «taira jamais et qu'il restera debout». Parlant ensuite de l'état général de la wilaya, le candidat a cité l'exemple de la plaine de Abadla qui, dit-il, «souffre du phénomène de salinité détruisant tout ce qui est végétal», du problème de l'alimentation en eau potable, de l'état de délabrement avancé des infrastructures de base et de la situation critique des enseignants des différents paliers. Pour palier ces insuffisances, le candidat a annoncé que son programme électoral a étudié toutes ces questions et trouvé des réponses spécifiques à chaque région. En ce qui concerne Béchar, il annoncera la réalisation d'une ligne ferroviaire Béchar-Mejd Nemouch et du tronçon Adrar-Béchar long de 600 km. Des tronçons routiers sont également inscrits dans son programme pour cette ville. Ces projets permettront, selon Benflis, de «désenclaver» cette région et lui vaudra de jouer un rôle important dans l'avenir en matière agricole et touristique. A la fin de son meeting, Benflis s'est dirigé vers le siège de sa permanence, un local mis à sa disposition par un militant du parti. A ses sympathisants venus nombreux l'accueillir, il leur demandera d'ouvrir des dizaines de permanences, quitte à faire appel aux militants donateurs et ce dans le but d'affronter cette peur qui gagne ostensiblement les citoyens de cette localité. Un vieux militant, âgé de 76 ans se lève et jure sur-le-champ sa totale mobilisation et sa totale loyauté au FLN. Dehors, les langues ne voulant pas se délier, des habitants rencontrés en marge de cette réunion nous ont simplement annoncé à demi-mots que le seul fait de parler à un étranger leur vaudrait une «terrible sanction». A Adrar, deuxième étape de sa visite dans le sud du pays, le candidat Benflis a eu le soutien inattendu de la zaouïa de Sidi Belkebir lequel est allé se recueillir sur le mausolée du saint Hadj Belkebir. Cette confrérie religieuse qui, il y a à peine quelques mois, a donné son soutien à Bouteflika a apporté son soutien entier au candidat Benflis et a été invité avec sa délégation à partager le déjeuner avec le descendant du cheikh. Le vieillard a laissé échapper cette phrase laconique mais pleine de raison «Dieu est avec vous». Des ralliements d'autres zaouïas ne sont pas à écarter dans les prochains jours, nous dit-on encore. A la maison culturelle d'Adrar, Benflis, en habit saharien, a promis aux habitants de revoir la carte administrative de la région et suggéré que cette daïra, au vu de son immensité et du nombre des habitants (125.000), mérite amplement son rang de wilaya. A ce sujet, il tombera à bras raccourcis sur Bouteflika qui s'est trompé sur e nombre d'habitants en avançant le chiffre de 25.000. L'agriculture saharienne qu'il faut développer, le tourisme, les métiers d'artisanat, un plan de wilaya de développement pour rétablir les «grands équilibres» entre les régions tels sont les thèmes avancés par Benflis lors de son meeting à Adrar. A la fin de son discours, il parlera de la télévision algérienne accaparée par un seul homme et promettra d'ouvrir l'espace politique, économique et socioculturel s'il est élu par le peuple. Il lâchera cette phrase pleine d'à-propos: «Je suis un démocrate pas un dictateur.» En fin de soirée, il devait animer un meeting à Ghardaïa.