Démarrée sur les chapeaux de roue, l'intox est venue au secours d'une décélération intervenue dès le milieu de la semaine. Les six candidats ont sillonné durant les sept premiers jours plus de trente wilayas dans l'intention de charmer un électorat, dit-on, désintéressé de la chose politique. l'Algérie renoue, à la faveur de cette campagne, avec l'ambiance électorale et avec des visages politiques ayant préféré pour des raisons «internes» se retirer de la scène nationale. Jamais les Algériens n'ont été autant sollicités que ces derniers jours. Plus de 100.000 personnes ont assisté aux meetings. Chacun des candidats aura dévoilé durant ces sept jours les grands axes de son programme. Prenant le soin de cadrer les débats avec les questions de l'heure. Le président-candidat Abdelaziz Bouteflika, a centré son discours sur la politique de la réconciliation nationale. Il a tenu dans cette course pour sa propre succession a explicité les «volets» de cette politique. Cinq ans après, ce dernier estime que la réticence des uns et des autres est due à une «mauvaise interprétation» de cette démarche qui, souligne-t-il, dépasse l'aspect sécuritaire et vise à «réconcilier les Algériens avec eux-mêmes». Les cinq autres se sont attelés à mettre au-devant l'échec de la politique sécuritaire de Bouteflika relative à la concorde civile. Pour Louisa Hanoune du PT, «les politiques successives n'ont pu venir à bout de cette crise». Faouzi Rebaïne, qui se présente comme étant «l'homme du changement», propose «sa propre réconciliation» qui est basée sur «l'application de la loi». Saïd Sadi, le candidat du RCD, estime que le peuple a été trompé et que la concorde civile s'est transformée en fin de compte en une loi amnistiante légiférée en faveur des terroristes. Le dossier de la Kabylie s'est imposé dans cette campagne, l'ancien chef de gouvernement, Benflis qui a entamé sa visite à partir de Bouira, estime avoir la solution à cette crise, accusant le président-candidats de «faire barrage à toute tentative allant dans le but de débloquer la situation dans la région». «Je dresserai une tente s'il le faut», s'est-il adressé à ses sympathisants. Benflis a tenu dès le début de cette course, un discours musclé, très direct et offensif. Louisa Hanoune, plaide, elle, pour l'unité et l'intégration de la nation avec ces deux composantes arabe et amazighe. Bouteflika a décidé de rompre son silence et évoqué la crise du FLN. La presse a été dans l'oeil du cyclone durant la première semaine de la campagne. Bouteflika n'a cessé de critiquer les journaux algériens, allant jusqu'à qualifier ses titres de «mercenaires de la plume» et ce, au moment où les cinq candidats ont insisté sur la liberté d'expression. Au coeur de la campagne, plusieurs incidents ont éclaté laissant les plus perplexes réticents sur le devenir de ce scrutin. Il y a tout d'abord les attaques contre les permanences des candidats, Saïd Sadi, Bouteflika et Benflis. L'on évoque aussi des menaces physiques et morales formulées contre les sympathisants de certains candidats. La guerre des affiches a placé les militants de Bouteflika au banc des accusés. Mais ces incidents isolés n'ont pas entravé le déroulement de la campagne. Interrogé sur ces problèmes, M.Bouchaïr, le coordinateur de la Commission politique de surveillance de l'élection présidentielle (Cnpsep) affirme que «les autorités compétentes ont ouvert une enquête à ce sujet». Les plaintes introduites par les représentants des candidats «seront tranchées prochainement». Quant à la question relative aux «listes des encadreurs des bureaux de vote et des observateurs, elle a été réglée d'une manière définitive». Une information démentie par un représentant d'El-Islah. Intox ou stratégie électorale, des informations ont fait le tour des rédactions faisant état de revirement qui serait intervenu sur les choix de certaines personnalités nationales. Des informations démenties par les concernés. Les choses s'accélèreront à l'occasion de la deuxième semaine qui sera marquée incontestablement par les voyages très attendu des deux candidats Benflis et Bouteflika en Kabylie. Un test décisif pour le déroulement de ce scrutin.