Pour faire entendre sa voix, le travailleur est contraint d'opter pour des actions de rue et des mouvements de grève. En effet, depuis la rentrée sociale, les mouvements de grève se sont multipliés à Béjaïa. Ce phénomène qui, au demeurant, traduit le marasme dans lequel baignent tous les secteurs, risque de faire boule de neige. Dans le seul secteur de l'éducation, plus de 80 mouvements de protestation ont été enregistrés dans divers établissements scolaires à travers la wilaya et la direction de l'éducation croule sous une avalanche de préavis de grève émanant aussi bien des différentes écoles que de la principale force syndicale, le Sete. Cette structure affiliée à l'UGTA a, dans une déclaration rendue publique à l'issue des travaux de son conseil de wilaya, décidé de mettre à exécution sa menace de débrayage. En effet, les travailleurs du secteur de l'éducation sont appelés, à partir de demain, à observer une grève générale de trois jours pour protester contre les mauvaises conditions de travail. Selon M.Kaci Bellaloui «Cette action est devenue nécessaire après les quatre réunions tenues avec les responsables du secteur qui demeurent sans effet sur les grands dossiers» et d'ajouter «Les travailleurs sont asphyxiés par un quotidien chargé de problèmes.» Dans le secteur de la santé, la situation a été aussi perturbée par une grève déclenchée du 20 au 26 du mois passé par les médecins spécialistes qui revendiquent l'amélioration des conditions socioprofessionnelles et sécuritaires. Le secteur universitaire n'est pas en reste puisque la menace de débrayage est imminente. Le Cnes compte s'opposer à la politique du «démantèlement de l'université» et protester contre «la non-tenue des promesses» des autorités. Par ailleurs, de nombreux travailleurs du secteur économique ont eu recours à la grève pour protester contre le non-paiement des salaires. C'est le cas notamment du complexe d'emballage «jute» de Béjaïa dont les travailleurs rejettent «la mise en chômage technique». Enfin, au secteur des hydrocarbures, l'option d'une grève générale est retenue. Le nouveau projet de loi sur les hydrocarbures n'est pas étranger à la discorde entre les travailleurs et leur tutelle. Ainsi, la grogne sociale s'amplifie de jour en jour. Le bras de fer risque de durer et l'issue de cette colère est des plus incertaine.